[ CINEMA - MARSEILLE ] Lieu de tournage d' "Un prophète", série adaptée du film culte de Jacques Audiard

Réalisée par Enrico Maria Artale, une série est adaptée du film culte de Jacques Audiard. Tournée à Marseille, elle sera diffusée l'an prochain sur OCS. Mamadou Sidibé succède à Tahar Rahim dans le rôle de Malik.

18 décembre 2023 à 10h18 par Marie-Ève BARBIER /Laprovence.com

Marseille: Lieu de tournage d' "Un prophète", série adaptée du film culte de Jacques Audiard
Marseille: Lieu de tournage d' "Un prophète", série adaptée du film culte de Jacques Audiard
Crédit : Marseille: Lieu de tournage d' "Un prophète", série adaptée du film culte de Jacques Audiard

Vendredi 8 novembre, dans un parc public qui surplombe la L2 et le quartier de Frais-Vallon. Un lieu improbable entre cité et colline. C'est ici que l'équipe franco-italienne d'Un prophète a planté ses caméras. Trois maîtres-chiens et leurs molosses tournent autour d'une Peugeot grise. "Tiens Sergeï à distance de Taïko", crie l'un d'eux. Le décor est planté. À bord de la voiture, Selim, le "converti" (Matthieu Lucci), et Nassim Bouguezzi ont fait le tour des points de deal pour récolter l'argent, mais ils sont arrêtés par deux individus à scooter commandités par le clan rival, celui des Comoriens.

Les nouvelles prisons sont plus propres, colorées, mais la violence est la même !

"Dans le film Un prophète, les clans corses et arabes s'opposaient en prison. Cette fois-ci ce sont les Arabes contre les Comoriens", explique Marco Cherqui, producteur de la série qui sera diffusée l'an prochain sur OCS. Coproducteur du film de Jacques Audiard, sorti en 2009, il a longtemps rêvé de produire la suite. Avant de s'orienter vers un "reboot", une adaptation du film en série sous forme de huit épisodes, réalisés par Enrico Maria Artale.

"Il fait partie d'une génération de réalisateurs qui ont gravité autour de Gomorra." Pour le producteur, il s'agit d'une relecture contemporaine d'Un prophète, pas d'une redite. "Nous avons imaginé un nouveau prophète, Comorien cette fois-ci",dit-il. Le rôle-titre de Malik, autrefois tenu par Tahar Rahim, a été confié à Mamadou Sidibé.

"Enrico Maria Artale n'est pas le genre de réalisateur à rester derrière le combo"

Tandis que la prison du film était située en région parisienne, la série a pour décor Marseille. "L'un des scénaristes, Abdel Raouf Dafri, a vécu ici, raconte Marco Cherqui. Abdel et Nicolas (Peufaillit, NDLR) travaillent beaucoup avec des documentaires et des archives, ils se sont imprégnés de la ville où se déroulera la série." Ainsi, le film s'ouvre sur l'effondrement d'un immeuble, dont Malik est le seul survivant. Une référence directe au drame de la rue d'Aubagne. "Cela me plaisait aussi d'un point de vue narratif : Malik est un survivant, j'ai trouvé que c'était un beau symbole, poursuit Marco Cherqui. C'est une mule, les policiers retrouvent des capsules de cocaïne dans son ventre, il est ensuite envoyé en prison." Il y rencontre Massoud Bejari, agent immobilier corrompu incarné par Sami Bouajila : "Ils ont une relation équivalente à celle de Niels Arestrup et Tahar Rahim."

L'équipe du film n'a pu tourner aux Baumettes, alors en travaux. La prison a été reconstituée dans une ancienne université située dans les Pouilles : "Quand on tourne 50 à 60 % d'un film en prison, c'est trop compliqué de tourner dans les décors réels, il y a trop de contraintes. Nous cherchions une prison contemporaine, elles sont plus propres, colorées, mais la violence est la même !"

Une descente de police a interrompu le tournage

À Marseille, le réalisateur a essentiellement tourné à Frais- Vallon et à Belsunce."Cela s'est très bien passé, témoigne Nassim Bouguezzi, jeune acteur marseillais de 20 ans, qui s'est fait remarquer dans Pax Massilia d'Olivier Marchal. L'équipe de sécurité, les figurants étaient du quartier. Ça a donné une belle énergie. C'est une très bonne chose plutôt que de faire appel à une société de sécurité extérieure." La veille, une descente de police a tout de même interrompu le tournage. "Les policiers de la BAC ont profité du tournage car nous avions des figurants policiers, cela portait à confusion", estime un technicien.

Nassim se déclare totalement conquis par cette expérience, à l'exception de la cantine du catering ! "Enrico Maria Artale n'est pas le genre de réalisateur à rester derrière le combo (1) !, s'exclame-t-il. Il est dans l'empathie, très proche des comédiens. Il lui arrive même de prendre la caméra ! Tout à l'heure c'est lui qui nous filmait caméra à l'épaule." Cette méthode traduit la tension et la peur vécues par les deux personnages filmés en plan serré dans la Peugeot. "C'est une belle expérience, estime également Matthieu Lucci, comédien ciotaden qui, à 18 ans, crevait l'écran par dans L'Atelier sous la direction de Laurent Cantet. Les scènes ultra-violentes sontsuggérées. On comprend ce qui se passe, mais il n'y a pas de complaisance à filmer l'hémoglobine. Enrico joue davantage sur la tension."

Ce vendredi était le dernier jour de tournage. Pas de traditionnelle fête ce soir-là : la production a pris trop de retard, il va falloir tourner de nuit.

Après le thriller policier Pax Massilia, place au thriller carcéral. Le crime organisé aura encore pour toile de fond Marseille à l'écran l'an prochain.

 

SOURCE: LAPROVENCE.COM