Métropole : à Aix, Maryse Joissains veut divorcer de Marseille et se marier avec Salon et Arles.

12 mars 2018 à 16h26 par Patrick MONROE

RADIO CAMARGUE

La maire d'Aix-en-Provence n'a jamais voulu entrer dans la Métropole. Et aujourd'hui, Maryse Joissains (LR) tente, par tous les moyens, d'en sortir. Début mars, elle est même allée plaider sa cause à Paris, auprès de Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

Mais sa dernière initiative apparaît plutôt surprenante. Dans un courrier adressé aux présidents des trois intercommunalités du pays d'Arles (Arles Crau Camargue Montagnette, Communauté de communes Vallée des Baux Alpilles et Terre de Provence, Ndlr), celle qui est aussi présidente du territoire du pays d'Aix propose ni plus ni moins la création d'une deuxième métropole dans le département, composée du pays d'Aix, du pays salonais, et du pays d'Arles. "Vous connaissez mon attachement à la commune d'Aix-en-Provence et au Territoire que je préside depuis 2001, qui n'a d'égal que ma détermination à défendre le modèle de la Métropole marseillaise dans laquelle j'ai été intégrée de force. Ce que je redoutais depuis 2014 et que j'ai tant combattu avant 2016 s'est réalisé... et j'étais loin du compte. Les deux ans d'expérience métropolitaine ont révélé l'incapacité de Marseille, soutenue dans un premier temps par la communauté urbaine, puis par la Métropole, à se sauver sans l'activation de la solidarité nationale", écrit l'élue aixoise.

Après cette charge contre ce mastodonte regroupant 92 communes et presque deux millions d'habitants, Maryse Joissains tend la main à ses homologues de l'ouest du département. "Je continue de penser que le gouvernement qui miserait sur le "tout Marseille" dans notre département commettrait une faute historique majeure. C'est pourquoi je réactive ma demande auprès du gouvernement de création d'une métropole dont le socle serait le pays d'Aix. (...) Je vais me battre pour démontrer qu'il faut sortir les communes viables de cette Métropole mortifère, sur un modèle Saint-Etienne/Lyon avec deux métropoles qui peuvent se compléter. Ne faudrait-il pas que nous réfléchissions ensemble à la faisabilité d'une Métropole Aix-Arles-Salon qui associerait les 29 communes du PETR, les 18 communes du pays de Salon et les 36 communes du pays d'Aix, quelques communes du Sud Luberon souhaitant rejoindre notre projet ?"

"C'est fou ce qu'on nous aime !"

Pour convaincre, Maryse Joissains brandit l'argument financier. "Nous avons prouvé la rigueur de notre gestion au sein du pays d'Aix et l'association avec Aix-en-Provence plutôt que Marseille ou Avignon serait probablement plus respectueuse des élus, des finances publiques et des citoyens", assure-t-elle. Mais du côté du pays d'Arles, on ne semble pas près de répondre aux sirènes aixoises. "J'ai dit que je ne voulais pas payer le métro de Marseille, ni le tram d'Avignon, eh bien je ne veux pas plus payer le bus aixois", répond Hervé Chérubini. "Notre vision du pays d'Arles, on l'a donnée, et ce n'est pas une métropole Aix-Salon-Arles", poursuit le président de la CCVBA. En cas de disparition, plus que probable, du département, et pour ne pas intégrer la Métropole, les 29 communes se réuniraient au sein d'une intercommunalité unique à statut particulier, à même de récupérer tout ou partie des compétences départementales. "Nous pensons que l'outil métropolitain, qu'il soit aixois ou marseillais, n'est pas adapté à un territoire semi-rural comme le nôtre, et on perdrait la notion de proximité qui est essentielle", juge Hervé Chérubini.

Jean-Marc Martin-Teissère, président de Terre de Provence, prend lui cette proposition avec une certaine distance. "C'est fou ce que les gens nous aiment, on est très convoité, ironise-t-il. Mais notre intérêt, c'est de rester dans le pays d'Arles, pour rester maîtres de notre destin. C'est loin d'être gagné, mais c'est le rôle des élus de le tenter." En clair, pour les présidents de la CCVBA et Terre de Provence, il reste une chance au pays d'Arles pour rester hors de la métropole. Quant à Maryse Joissains, elle ne pourra selon eux plus en sortir. "Je ne vois pas les services de l'État affaiblir la métropole en sortant Aix et Salon", avance Jean-Marc Martin-Teissère. "Malheureusement pour elle, le gouvernement a été clair, ils ne dissocieront pas Aix et Marseille, abonde Hervé Chérubini. Mais je ne vais pas lui reprocher sa démarche, la métropole ne fonctionne pas. Je ferais la même chose !"

Source La Provence : Christophe Vial