[ CINEMA - CAMARGUE ] "Escort Boys", la série sexy tournée en Camargue, en pleine nature entre chevaux et taureaux

Réalisée par Ruben Alvens, elle cartonne sur Amazon Prime et explore sans complexe le désir masculin et le monde de l'escort

Publié : 19 janvier 2024 à 12h06 par sarah Ugolini/laprovence.com

"Escort Boys", la série sexy tournée en Camargue, en pleine nature entre chevaux et taureaux

Réalisée par Ruben Alvens, elle cartonne sur Amazon Prime et explore sans complexe le désir masculin et le monde de l'escort




Sex and the city voyage en Camargue. Avec "Escort Boys", sorti sur Prime Video le 22 décembre dernier et tournée au printemps 2022, le désir masculin s'expose de manière solaire et décomplexée. "Les productrices sont venues me chercher parce que j'aime parler de ce qui peut sembler désaxé, dérangé. Les différents, les gens qu'on montre du doigt, c'est quelque chose qui me parle", confie le réalisateur de la série Ruben Alves, dont l'œuvre était, trois semaines après sa sortie, classée deuxième des séries les plus regardées en France.


Avec "Escort Boys", librement adaptée de la série israélienne "Johnny and the Knights of Galilee", le rapport de domination homme-femme est inversé. "Je me suis dit que j'allais pouvoir faire parler des jeunes hommes sur leur désir, mais avec des femmes fortes, qui se permettent de s'offrir leurs services." Ici, quel que soit son âge ou son milieu social, la femme est libre et n'est pas "réduite à son rôle de mère ou d'épouse".




Déconstruire la masculinité


Dans ce récit racontant l'histoire de quatre copains paumés et en galère financière qui se lancent dans l'escorting pour sauver le domaine apicole de leur enfance, Ruben Alves cherche à "déconstruire la masculinité" et surtout à montrer que la prostitution n'est ni sale, ni taboue. "L'escortisme n'est pas que du sexe, c'est une attention, de la tendresse. C'est une écoute, une épaule". Pour le réalisateur, "dans une société de plus en plus violente, sans nuances, c'est une parenthèse sans jugements. Ce n'est pas que la femme puissante qui commande le garçon, ils s'apportent tous les deux". Une douceur indispensable car "ces quatre garçons sont sensibles".


"Quatre hommes totalement différents avec chacun leurs failles et leurs envies, mais complémentaires avec un vrai effet de bande". Guillaume Labbé, Simon Ehrlacher, Thibaut Evrard et Corentin Filaincarnent ce quatuor qui se met à nu, au sens littéral comme figuré, sans jamais tomber dans la vulgarité. "Guillaume Labbé était une évidence. Mon directeur de casting m'a fait découvrir Thibaut Evrard qui m'a totalement emballé". Une bande d'hommes à l'alchimie indéniable à l'écran, qui discutent librement de sexualité. "C'est rare de voir des potes qui parlent de choses intimes comme je pourrais le faire dans la vie", confirme Thibaut Evrard, qui incarne Ludo, un ancien gardian qui se lance avec ses amis dans le monde de l'escort. Son personnage à la vulnérabilité assumée se démarque des trois autres, eux qui dansent lascivement avec aisance et jouent de leur sensualité. "J'étais celui qui était le plus pudique. Ce personnage est marié depuis 7 ans et n'a pas montré ce corps à une autre femme depuis autant d'années. On s'identifie et s'attache plus à un homme comme ça".


Mais cette série traite avant tout d'amitié. "La connivence était telle que les deux dernières semaines de tournage, on vivait tous ensemble dans la même maison et on continue à se voir et s'appeler hors tournage", assure l'acteur de Paris police. Une énergie joyeuse instillée également par le réalisateur Ruben Alves. "Au lieu de dire 'coupé', il dit "aller ciao ! Il fédère avec douceur", plaisante Thibaut Evrard.




La Camargue, "une région qui se mérite"


Avec la douce et enveloppante musique de Guillaume Ferran, la Camargue devient dans cette série un personnage à part entière. "Je ne connaissais pas la Camargue. On m'en parlait depuis longtemps car j'ai des amis qui vont beaucoup aux Rencontres de la photo d'Arles, et c'est vrai qu'au moment d'imaginer ces quatre garçons paumés au milieu de la nature, j'ai eu envie d'aller voir ce coin dont on me parlait comme le Texas français." Et ce choix instinctif, le réalisateur ne l'a pas regretté. "Je me suis très vite dit que ça devait se passer ici à cause de la liaison avec les animaux, dans la nature : cette puissance du taureau, la virilité, que j'ai assimilé à la masculinité des garçons, qui va être un peu déconstruite. La liberté du cheval blanc, qu'on n'enferme pas, cela me rappelait ces garçons qui ont envie de vivre et de sortir de leur condition sociale. Tout ça représentait une métaphore qui faisait sens." Pour Thibaut Evrard, "ça fait du bien de voir la beauté de la France en dehors de ce qu'on voit en fiction habituellement : Paris ou Marseille". Et plus pragmatique : " cette série parlant de sexualité et d'un côté animal, il était plus simple de filmer l'animal en Camargue qu'à Paris".


Mais le territoire est rude et il a fallu l'apprivoiser. "J'ai eu cette frayeur du moustique pendant les repérages. En fait c'est une région qui se mérite, et j'adore ça." Pas question pour le réalisateur de "poser ses caméras et tourner". Non, il a d'abord fallu apprendre à connaître les lieux. "J'y suis allé en avance, j'ai pris du temps. La Chassagnette, Chez Bob, La Churascaia... Tous ces lieux mythiques ou nouveaux, on y passait du temps pour s'imprégner et décider si une séquence se passait ici ou pas. J'ai frappé aux portes et rencontré des gardians. J'aime l'idée que les gens de Camargue défendent leur région avec fierté, ce que je retrouve un peu chez les Basques, les Bretons ou les Corses."



Cette quête d'authenticité a d'ailleurs poussé le réalisateur à filmer des gens du voyage sur place. "J'ai une affection particulière pour la communauté gitane. Je trouve qu'il y a quelque chose de très beau, puissant et ça me parlait beaucoup de pouvoir en avoir cette couleur dans la série. J'ai pris des non-acteurs donc c'était rock'n'roll, mais j'aime tellement parce que c'est vrai". Sortir le monde de l'escort d'un milieu urbain parisien était aussi un message social. "Je n'avais pas envie de voir des escorts en costard dans des grands hôtels parisiens comme on l'a vu mille fois. J'aimais bien que ce soit quatre garçons au milieu de la nature. Il y avait cette condition sociale, se dire que ce n'est pas facile quand on est en Province et qu'il n'y a pas de boulot." Pour Thibaut Evrard, "la prostitution est surtout une réponse à la solitude et il y a de la solitude partout".


Après le cliffhanger de fin de saison qui laisse les spectateurs sur leur faim et au vu du succès de la série, une saison 2 semble inévitable. "C'est une possibilité d'ouverture sur une continuité, une suite", confie Ruben Alves. "Comme une bande de copains, on aimerait bien se retrouver, mais il faut que les auteurs aient des choses à raconter et que ça ne soit pas un concept qui se répète", conclut de son côté Thibaut Evrard. La Camargue retrouvera donc peut-être son quatuor de gardians décomplexés.


 


SOURCE: LAPROVENCE.COM