[ CLIMAT ] Sécheresse : l'été s'annonce meurtrier pour les piscines publiques du pays d'Arles

Le manque d'eau et la flambée du coût de l'énergie vont singulièrement restreindre l'offre cet été.

Publié : 22 mai 2023 à 11h06 par L.R., N.Ba., Sarah UGOLINI et O.L Rios

Crédit photo: D.R


L'alternative : la location surfe sur la vague du succès



Swimmy, c'est un peu le Airbnb de la piscine. Cette plateforme de location de piscines entre particuliers rencontre un succès grandissant. Face à la pénurie de piscines municipales, ce concept permet de louer 4 000 piscines en France à près de 270 000 utilisateurs qui peuvent profiter d'une parenthèse de fraîcheur dans un bassin privatisé.


Raphaëlle de Monteynard est la fondatrice de l'application devenue leader européen de la location de piscines. "J'étais au bord d'une piscine avec une amie en 2016, il faisait très chaud et on s'est rendu compte que les piscines à côté de nous n'étaient pas occupées. On s'est dit qu'il serait super de pouvoir les louer", se souvient celle qui travaillait dans la communication. Le succès n'a pas tardé à arriver dès 2017 grâce au bouche-à-oreille et le profil des utilisateurs du service n'a eu de cesse de s'élargir. "Au début, on avait surtout comme cible les familles et les amis. Aujourd'hui on a aussi pas mal de personnes qui viennent pour fêter un événement comme un anniversaire et même des entreprises qui viennent pour passer un moment entre eux", précise l'entrepreneuse. Du côté des profils des personnes louant leur piscine, il s'agit de seniors utilisant peu leur piscine ou de personnes travaillant de chez eux et voulant rentabiliser leur bassin pendant qu'ils ne s'en servent pas durant la journée.


Joëlle, 62 ans, est une utilisatrice régulière de l'application. "J'ai été intéressée car dans le Sud quand on est en appartement, on a très envie de piscine", explique l'ancienne habitante de Saint-Rémy-de-Provence. Elle vante des bassins propres pour un prix abordable d'environ "12 ou 15 euros de l'heure". "Quand on a besoin de nager ou de jouer avec des enfants, c'est parfait. On paye un peu plus cher mais on a le bassin pour nous seuls", assurela sexagénaire.


Concernant les zones de prédilection d'utilisation de ce service, "quasi 50 % de nos transactions s'effectuent en région Paca", explique Raphaëlle de Monteynard. Viennent ensuite la région lyonnaise, l'Ile-de-France et l'Occitanie. "Aujourd'hui, beaucoup de gens ne partent pas en vacances, le but de Swimmy était à la base d'offrir une parenthèse pendant les vacances à ces gens autour de chez eux", explique la fondatrice du service de location de piscines entre particuliers. Un peu plus de 2 500 piscines ont déjà été louées en 2022 pour 15 000 réservations.




À Maussane-les-Alpilles, la commune jette l'éponge


Début mars, le maire de Maussane-les-Alpilles, Jean-Christophe Carré, annonçait la décision prise par la majorité de ne pas rouvrir la piscine () cet été. "C'est un crève-coeur d'imaginer la saison estivale à Maussane sans sa piscine. Nous avons conscience qu'il ne s'agit pas d'une décision positive, mais la pire des décisions est toujours celle que l'on n'a pas prise", indiquait-il. La problématique n'est pas nouvelle avec une fréquentation en baisse et des coûts de fonctionnement qui grimpent d'année en année. "Il y a 7 ans, le déficit annuel tournait autour de 60 000 . Nous nous étions alors fixés pour objectif de le réduire de moitié et de trouver des solutions pour que cet équipement public puisse rester ouvert. En 2019, nous avons réussi à ramener ce déficit à 30 000 . Et puis il y a eu le Covid, tous les frais supplémentaires liés aux contraintes sanitaires, si bien que nous étions à 70 000 de déficit en 2022. Le prévisionnel pour 2023 était encore pire avec l'augmentation du prix de l'électricité et de l'eau, soit un déficit autour de 85 000 ..." Intenable. Le maire met aussi en avant les problèmes d'incivisme et d'insécurité qui deviennent de plus en inquiétants, les personnels faisant l'objet de menaces répétées, risquant de faire valoir à chaque incident leur droit de retrait. Et puis la question de la ressource en eau s'est posée avec acuité l'an dernier. "En juin 2022, la Communauté de communes Vallée des Baux-Alpilles nous a demandé de stopper le remplissage du grand bassin car on risquait de manquer d'eau potable pour alimenter les foyers maussanais. Pour deux mois et demi d'exploitation, la piscine consomme 5 000 m³ d'eau, soit l'équivalent de la consommation de 40 familles de quatre personnes à l'année...". La piscine rouvrira-t-elle un jour ? Jean Christophe Carré dit l'espérer. "Il nous faut trouver pour cela des ressources, partager les coûts de fonctionnement, car une commune de 2400 habitants ne peut le faire seule aujourd'hui".