Reconnue comme patrimoine culturel immatériel en France depuis juin 2020, la transhumance est désormais inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. En effet, le comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (PCI) de l’humanité de l’Unesco, réuni à Kasane, au Botswana, toute cette semaine pour la 18e session, a validé, mardi soir, la candidature de "la transhumance, déplacement saisonnier de troupeaux", présentée par la France, l’Espagne, la Roumanie, l’Albanie, la Croatie, Andorre, le Luxembourg, l’Autriche, la Grèce et l’Italie. La démarche a été initiée en 2019 par ces trois derniers pays.
Le comité a salué l’impact intéressant et positif de la transhumance sur l’environnement, la biodiversité et les paysages. Un tiers des surfaces de notre région est pâturé grâce aux animaux, puisque chaque année, au printemps et à l’automne, des gardiens de troupeaux organisent le déplacement de milliers de bêtes (bovidés, cervidés, équidés et ovins) le long de sentiers pastoraux.
Cette reconnaissance de l’Unesco est le résultat, en France, d’un travail de longue haleine entrepris en 2019 par les acteurs du pastoralisme et de l’élevage, notamment par l’engagement du Collectif des Races locales de Massif. Ce titre est valable 6 ans, avant un nouvel examen de la candidature.
"Une fierté et un sacré coup de projecteur"
Pour Patrick Fabre, directeur de la Maison de la transhumance, association du comité de pilotage de la candidature, c’est "une fierté" et "un sacré coup de projecteur sur cette filière un peu en difficulté depuis quelques années".
Très heureux de cette mise en lumière des métiers d’éleveurs et des bergers, le comité de pilotage a pour objectif de sauvegarder, transmettre et valoriser ces savoir-faire rares (conduite et gardiennage du troupeau, sonnaille, agnelage, formation des bergers).
La Maison de la transhumance, basée au domaine du Merle, à Salon-de-Provence, va proposer un plan d’action ambitieux. En 2025, une exposition itinérante est prévue dans la région sur les problématiques de la transhumance (formation des bergers, chiens de protection...).
Toute la filière espère obtenir des moyens financiers pour mener à bien son plan de sauvegarde et de valorisation. Le Collectif des Races locales de Massif est d’ailleurs soutenu par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.
Une pratique ancestrale aux nombreux bienfaits
Tradition ancestrale, la transhumance implique des pratiques sociales et des rituels relatifs aux soins, à l’élevage et au dressage des animaux ainsi qu’à la gestion des ressources naturelles. Ses bienfaits sont nombreux : élevage durable et de qualité, circuit court, bien-être animal, entretien du paysage et de l’environnement. Tout un système socio-économique s’est développé autour de la transhumance, de la gastronomie à l’artisanat local en passant par les festivités marquant le début et la fin d’une saison. La transhumance contribue à l’inclusion sociale, au renforcement de l’identité culturelle et des liens entre les familles, les communautés et les territoires, tout en contrant les effets de l’exode rural.
Son inscription permettra d’en reconnaître le rôle comme source de résilience sociale et économique, selon le gouvernement. Ce titre soutiendra également les politiques publiques visant à protéger cette pratique (risque de prédation par le loup, par exemple) et influencera les stratégies nationales de développement durable.
Au niveau international, cet emblème permettra de mieux comprendre le patrimoine vivant dans les contextes ruraux, de promouvoir les expressions culturelles connexes et d’encourager le dialogue entre les communautés.