[ ECONOMIE ] Exclusif - Panneaux solaires : 3 500 emplois créés, notre dossier sur le projet d'usine géante à Fos-sur-Mer
Publié : 3 mars 2023 à 12h50 par Jean-Luc Crozel
La société lyonnaise Carbon va créer sur le port une giga-usine dédiée à la totalité de la filière photovoltaïque française qu'elle entend relancer pour restaurer l'indépendance du pays. À la clé, la création de 3 500 emplois.
Participer à la réindustrialisation de la France, contribuer par la même occasion à raffermir sa souveraineté énergétique et soutenir l'effort national de décarbonation. Tels sont les trois piliers du projet porté par la société lyonnaise Carbon, lequel consiste à bâtir sur une soixantaine d'hectares de la zone industrialo-portuaire de Fos, sa première giga-usine. Un investissement évalué à 1,5 milliard d'euros dans sa globalité, de nature à créer 3 000 emplois dans sa première étape. Des chiffres qu'il n'est pas si courant d'afficher dans cette partie de France dont l'attractivité est trop souvent perçue comme exclusivement touristique et trop peu industrielle.
Mais cette fois, le projet initié par Carbon qui vient de choisir Fos pour y implanter sa première unité de production de cellules photovoltaïques puis de panneaux solaires, a ceci de particulier qu'il renoue avec une ambition ancienne de faire de cette région une vitrine du photovoltaïque. Un enjeu de longue date perçu comme prometteur sur un territoire inondé de soleil jusque parfois plus de 300 jours par an, mais qui jusqu'ici n'était jamais parvenu à véritablement prendre forme. Illustration en est donnée par l'ambitieux projet Silicium de Provence (Silpro) porté par EDF, qui né en 2005 restera sans suite quatre ans plus tard, faute de financements suffisants.
D'autres pépites dont l'ascension paraissait prometteuse, se révéleront malheureusement éphémères. En témoignent les déboires rencontrés par la société Nexcis de Rousset, un temps filiale malheureuse du groupe EDF ; ou encore les disparitions de l'Aixois SunPartners dont le parcours s'est achevé en pleine phase d'industrialisation au tout début de 2019, ainsi que la société Crosslux. Quelques exemples parmi d'autres relevés au niveau national, ainsi l'échec de la branche française de Photowatt, également filiale d'EDF, dont le savoir-faire subsiste aujourd'hui dans la branche énergies renouvelables de l'énergéticien.
Jusqu'à ces dernières années, bien que sous le soleil et disposant de compétences aptes à faire émerger des technologies, Provence-Alpes-Côte d'Azur n'a donc malgré tout jamais réussi à se doter d'une filière complète. Tout comme le reste de la France, outrancièrement dominé par les panneaux solaires produits en Chine. Oui mais voilà, la crise sanitaire est passée par là, qui a mis en évidence le niveau de notre dépendance. "Le résultat est la fin de la mondialisation heureuse ou produire ailleurs, là ou c'est moins cher, n'émouvait personne", se réjouit Pierre-Emmanuel Martin, co-fondateur et président de Carbon (voir ci-contre) et par ailleurs vice-président d'Enerplan, le syndicat de l'Énergie solaire renouvelable dont le siège est à La Ciotat. Un point de vue qui l'a donc conduit à élaborer un projet volontaire et audacieux, qui sans doute animera le prochain et 8e colloque national sur le photovoltaïque qu'organise le 21 mars à Lyon, le Syndicat des énergies renouvelables. Son thème : "Le photovoltaïque en France : entre mythe et réalité".
Choisir Fos coulait-il de source ? À vrai dire non. Pas moins d'une dizaine de sites étaient en lice et deux Régions, Hauts-de-France et Ile-de-France, tenaient même la corde. Mais sous le soleil, celle Sud a su convaincre.
Source: LaProvence.com