[ ENVIRONNEMENT ] Arles - Propreté : "On est en chantier, à la Ville comme à l'Agglo"
Mandy Graillon, en charge de ce dossier à Arles et à ACCM, liste des premières pistes de réforme
Publié : 27 avril 2023 à 11h28 par Ch. V Rios
Crédit : Valérie Farine
Le constat est sans appel. Y compris au sein de la majorité municipale. "Il y a clairement un souci au niveau de la propreté", concède Mandy Graillon, deuxième adjointe au maire d'Arles, en charge de cette question, et vice-présidente d'ACCM déléguée à la collecte, au tri et à la gestion des déchets. Tout n'est pas à jeter, pour l'élue, qui cite notamment les efforts et "une amélioration sur la propreté urbaine du centre-ville d'Arles. Les corbeilles ne débordent plus, il n'y a pas que des choses qui vont mal !" Mais globalement, "ce n'est pas satisfaisant. Et aujourd'hui, on est en chantier, à la fois à la Ville et à l'Agglo, sur cette question de la propreté", annonce Mandy Graillon.
Au niveau d'ACCM
La collecte et le tri des déchets, c'est une compétence de la communauté d'agglomération. Au sein de cette collectivité, "on est sur une réfection totale des tournées et une réflexion sur le temps de travail, parce qu'aujourd'hui le service public n'est pas correctement rendu", explique la vice-présidente d'ACCM. Concernant les tournées, elles n'ont pas été réorganisées depuis 30 ans. Et le transfert de compétences des 6 communes vers l'agglo, en 2018, a accouché d'un "système totalement disparate. Les agents, il n'y en a aucun qui a les mêmes horaires, il n'y a pas les mêmes conditions de travail, pas le même nombre de RTT... On vient d'ouvrir ce chantier, on va travailler dans les mois qui viennent avec les organisations syndicales de l'agglo, pour avoir une harmonisation, et que le service public rendu soit de qualité", prévoit Mandy Graillon. Dans le viseur de l'élue : le concept du fini-parti. "Toutes les collectivités autour de nous ont mené ce chantier, c'est indispensable. On est les derniers, on est même plus en retard que la Métropole de Marseille !", souligne Mandy Graillon. Une refonte en profondeur du système qui s'annonce périlleuse politiquement, tant le sujet est délicat. "Mais l'objectif, c'est d'aller vite. Tous nos voisins ont déjà mené cette réforme du temps de travail." Pour ACCM, cette "révolution" pourrait être effective dès le courant de l'année 2024, alors que des postes de contrôleurs de collecte ont été créés en vue de cette réorganisation, dans le but "de vérifier que le service est rendu."
La même réforme d'organisation du travail (mais pas du temps de travail) est à prévoir pour les agents municipaux. "J'ai dit qu'on a eu un progrès sur le centre-ville. Pourquoi on ne peut pas faire de progrès ailleurs ? Parce que des balayeurs, il n'y en a plus depuis 10 ans à Trinquetaille, et à Monplaisir c'est la même chose", observe l'adjointe à la propreté. Le balayage mécanique ne suffisant pas, une réflexion est engagée sur le redéploiement des effectifs, avec un objectif de nouvelle organisation d'ici à quelques mois. L'appel à des prestations externalisées, comme ce que faisait la Régie Regards à Barriol (lire aussi ci-dessous), sera maintenu, mais dans un nouveau cadre. "Dans notre réorganisation du travail, on va resectoriser la ville, en grands secteurs puis en sous-secteurs, de sorte que l'on puisse avoir des chefs d'équipe mairie par secteurs, et les secteurs externalisés le seront en totalité, avec un prestataire en charge de toute une zone et devant rendre des comptes à un agent mairie", précise Mandy Graillon.
Une externalisation qui sera "plus rationnelle", le but restant, "d'arriver avec nos deux régies, Ville et Agglo, à avoir une ville propre. Si on mène tous ces chantiers qui vont être difficiles, difficiles à expliquer en interne et aux Arlésiens, c'est bien que l'on croit dans le service public, assure l'élue. Sinon, on se s'embêterait pas à réformer. Mais ce sera long. Pour l'instant, on rebâtit les fondations, et ensuite on passera à la mise en oeuvre. Je sais que la population aimerait que ça aille plus vite, mais il y a parfois des vents contraires. C'est un travail difficile, ce sont des réformes qui ne font pas plaisir, mais elles sont indispensables à mener. Et au bout du compte, on les doit aux Arlésiens !"
Sévir contre les incivilités
La propreté, c'est l'affaire de tous, se plaît à répéter la Ville. Hors, on recense de nombreuses incivilités ces derniers mois. "Ce qui ne va pas, ce sont les dépôts sauvages, un fléau pour lequel il faut absolument trouver des solutions, et que l'on sévisse peut-être un peu plus. C'est pour cela que l'on augmente la brigade incivilités de la police municipale", considère Mandy Graillon. L'équipe encombrants devrait être aussi renforcée, face à ce problème. Dans le centre d'Arles, ce sont les sacs-poubelle qui peuvent poser problème. "Il y en a souvent de déposés en dehors des horaires. Ce n'est pas satisfaisant !" Des premières amendes sont d'ailleurs tombées place Wilson, pour des personnes ayant laissé leurs sacs-poubelle à côté des conteneurs enterrés.
Dans les quartiers prioritaires, les habitants excédés par les déchets qui traînent
Depuis plusieurs mois déjà, les habitants des quartiers prioritaires d'Arles râlent. "C'est dégueulasse, regardez ! Et nos enfants jouent juste à côté", lançait il y a quelques semaines une habitante de Barriol, montrant du doigt, au pied des immeubles, un espace réservé aux conteneurs désormais rempli de détritus en tous genres. De même à Griffeuille, où le vent emporte les déchets jusque dans le canal. "On a l'impression d'être oubliés", soufflait un riverain.
Une situation qui devrait changer d'ici quelques mois, dans le cadre de la réorganisation globale souhaitée par la Ville (lire ci-dessus). "Ces marchés-là ont été totalement réécrits, ils sont en cours d'attribution, c'est pour cela qu'actuellement il y a des problèmes dans les quartiers", explique Mandy Graillon, à propos de Barriol, mais aussi du Trébon, de Griffeuille et des Alyscamps. Sans prestations externes depuis le 13 janvier dernier, "ces quartiers sont plus sales", reconnaît l'adjointe à la propreté. Dans l'attente des nouveaux marchés, les agents municipaux ont dû faire face à un surcroît d'activité. Alors qu'un préavis de grève avait été déposé juste avant la Feria par l'intersyndicale FSU-Unsa-CFDT, avec pour principale revendication des renforts pour ce service, six vacataires ont été au même moment embauchés par la Ville, pour intervenir notamment sur ces secteurs, jusqu'en juin. Moment où les marchés, passés bien trop tardivement selon l'intersyndicale, seront distribués.
Un marché qui, depuis 20 ans à Barriol, était attribué à la régie Regards, structure associative basée dans le quartier, qui aide mène des actions d'insertion par l'activité économique. L'équipe de nettoyage des espaces verts de Barriol, Griffeuille, du Trébon et des Alyscamps était composée de 11 salariés en insertion, entourés de deux encadrants. Le cahier des charges était large : cantonnage des déchets volants, entretien des haies et arbustes, tonte, désherbage des parties bétonnées, ramassage des feuilles... "Actus et ACCM géraient les encombrants, Regards nettoyait ce qui restait autour, explique la directrice de la régie, Caroline Rogey. Quand on remarquait quelque chose qui n'était pas de notre ressort, comme un arbre qui tombe ou une voiture calcinée, on prévenait les services compétents."
Cette année encore, Regards a postulé pour reprendre le marché et continue de mener ses autres missions, en attendant une réponse de la mairie. "En 2022, on a compté plus de 40 % de sorties positives, clame fièrement Jean-Pierre Antinoux, le président de Regards. C'est-à-dire que nos salariés en insertion trouvent un emploi ou une formation dans les 6 mois après être passés chez nous."