[ FAIT DIVERS ] Bouches-du-Rhône : quand le maire d'Eyguières agresse un artisan du village

Blessé, le cordonnier Pierre de Regibus a déposé une plainte contre Henri Pons

Publié : 15 mars 2023 à 10h29 par Nicolas Geronne


Les faits remontent au 17 février. Vers 16h15, Pierre de Regibus, cordonnier à son compte à Eyguières depuis plus de 30 ans désormais, décide de rendre visite à une amie en convalescence au centre cardio-vasculaire. "Je me rendais à son chevet, elle venait de se faire opérer, raconte le sexagénaire. J’étais dans le hall, j’allais prendre l’ascenseur et quand je me suis retourné, je suis tombé nez à nez avec la femme du maire". Quelques secondes seulement s’écoulent, et les portes de l’ascenseur s’ouvrent. Henri Pons en sort. Seulement voilà, d’après l’artisan, quand l’édile a vu ce dernier, il a lâché un mot inapproprié à son égard. "Je n’ai pas compris pourquoi. On se connaît depuis très longtemps, on était à l’école ensemble et il ne s’est jamais rien passé entre nous", s’étonne Pierre de Regibus. Et de lancer au premier magistrat : "Henri, la politesse, ce n’est que pour les autres ?" Le maire et sa conjointe rentrent alors dans une pièce et y restent quelques minutes. "Je décide d’attendre devant pour lui demander des explications bien que mon envie de rejoindre mon amie à l’étage n’ait pas diminué, reprend-il. La porte s’est enfin ouverte et Henri a dit à sa femme de se pousser parce qu’il allait me casser la gueule." En effet, il semblerait qu’elle ait voulu s’interposer entre eux. Mais l’altercation a bien eu lieu…



"Il m'a pris au cou"


Le maire en est venu aux mains. "Il m’a pris au cou et m’a griffé. Ma paire de lunettes de soleil que j’avais sur la tête est tombée, tout comme mes lunettes de vue", se souvient le cordonnier qui vit à Eyguières depuis 1990, avant d’insister : "Je peux vous assurer que je n’ai pas répliqué, je me suis laissé faire". À la vue de tous, c’est un membre du personnel du centre cardio-vasculaire qui sépare alors les deux hommes. Et de préciser, ému : "Ce n’est absolument pas normal qu’un maire s’en prenne verbalement et physiquement à un habitant de son village, appuie le sexagénaire. Ça me fait vraiment beaucoup de mal". Cependant, après y avoir un peu mieux réfléchi, à tête reposée, Pierre de Regibus émet une hypothèse. "C’est peut-être parce qu’on s’est rencontré lors du dernier conseil municipal. J’étais venu pour soutenir mes amis de l’opposition, confie-t-il. Mais ce n’est pas une excuse. Ça me fait vraiment mal qu’il en soit arrivé là".



"Henri ne se contrôle plus"


"Ça fait longtemps qu’on se tait tous, mais plus ça va, plus il nous méprise", s’emporte le cordonnier qui estime avoir son mot à dire dans cette histoire. "Si je fais la démarche d’en parler, c’est pour le principe. Henri ne se contrôle plus et je veux que ça se sache." Pour l’amour de son village adoptif, l’artisan assure être prêt à tout. "Avec tout ce qu’il se passe ici, on pourrait avoir peur de parler. Mais qu’importe, je ne veux pas de ça dans notre village. Je ne veux pas de ça pour les jeunes, il faut penser à l’avenir. Ici, c’est le règne de la terreur, c’est le Far West, il faut que ça s’arrête." Bien que cette "dispute" n’ait pas été provocatrice de véritables coups, elle a tout de même valu au savetier 3 jours d’incapacité totale de travail (ITT). "J’ai un traitement pour la tension, mais à la suite de ce qu’il s’est passé, elle avait augmenté. J’étais à 16,1. Le docteur a donc préféré m’arrêter", relate-t-il. Et de conclure : "J’ai déposé une plainte - que La Provence a pu consulter - contre le maire à la gendarmerie le lendemain de l’altercation". Contacté plusieurs fois par nos soins, Henri Pons n’a pas tenu à répondre à nos sollicitations. 


 


SOURCE: LAPROVENCE.COM