[ ECONOMIE - ARLES ] l'appel à la mobilisation face à la menace sur les abrivado

Publié : 10 février 2020 à 9h44 par sarah rios

Confrontés à une hausse exponentielle de leurs frais d'assurance, les manadiers s'alarment.


Parmi les personnes assises sur les banquettes de la brasserie "La Grande bourse", hier en fin de matinée à Nîmes, les mines sont sombres. Mais il est temps de monter au front, face à la menace qui pèse sur l'organisation d'abrivado, et plus généralement, sur la Camargue tout entière. C'est le message que sont venus faire passer Florent Lupi-Chapelle, Bérenger Aubanel, et Jeannot Lafon, respectivement président, vice-président et membre du Conseil d'administration de la fédération des manadiers.


Le danger, il a pour origine une décision de Groupama, qui assure la plupart des manadiers, et qui veut imposer une hausse de leurs tarifs d'assurance. Attention, on ne parle pas là d'une légère revalorisation. Non, ce qui pend au nez des professionnels, c'est une multiplication par cinq ou sept des tarifs qui étaient en vigueur jusqu'à fin 2019. Si on prend la fourchette basse, pour une manade qui a un chiffre d'affaires de 60 000 € et qui payait 5 000 € d'assurance, la police passerait à 25 000 €. Le résultat de l'équation est simple : "Vous arrêtez tout", lâche Florent Lupi-Chapelle.



"Un arrêt de mort"


Pour les assurances, qui s'appuient sur l'article 1385 du Code civil, ce sont les manadiers, propriétaires des animaux, qui sont in fine responsables en cas d'accident. D'où cette idée de gonfler leurs redevances pour provisionner les sommes en cas de problème. Mais pour des manadiers à l'équilibre économique précaire, impossible de suivre. Et les conséquences sur ce secteur d'activité, et plus largement sur les traditions camarguaises, s'annoncent dramatiques, préviennent les professionnels. "On est menacé d'arrêt de mort, souffle le président de la fédération des manadiers. Il y a un côté vicieux à l'action de Groupama qui nous frappe au porte-monnaie, mais derrière ça, on casse tout un art de vivre. Tout est mis en péril par une entreprise qui a pris une décision unilatérale." Car à ce train-là, le nombre d'abrivado organisé lors des ferias ou des multiples fêtes votives des Bouches-du-Rhône, du Gard et de l'Hérault va fondre comme neige au soleil, les manadiers ne pouvant plus s'assurer. D'autant que l'on voit poindre la deuxième lame. "Les organisateurs, comme les comités des fêtes, découvrent au fur et à mesure qu'ils sont aussi victimes d'une hausse démesurée. Donc ça commence à réduire le nombre de manifestations programmées, parce qu'il y a déjà des annulations de fêtes historiques et traditionnelles, peste Florent Lupi-Chapelle. De notre côté, un grand nombre de manades sont menacées aussi, parmi les plus emblématiques, de résiliation par Groupama."



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Source: laprovence.fr /C. Vial


Photo: J. Rey