[ FAITS DIVERS - REGION ] Un faux billet sur quatre circule dans notre région.

Publié : 30 septembre 2019 à 9h19 par Patrick MONROE

"Le faux talbin supporte mal l'improvisation", s'amusait le scénariste Michel Audiard qui, en matière de faux nez, en connaissait un rayon. Le faux billet a bien changé. Il n'est plus fabriqué sur de grosses machines offset à 300 000 ou 400 000 €, comme savaient le faire naguère les Italiens. Il a passé la main aux faussaires à la petite semaine qui font du faux numérique, dans l'atelier de papa ou la cuisine de maman, même si 70 % des faux billets restent fabriqués en Italie. Le "Napoli groupe" tire encore quelques ficelles mais il n'est plus le seul. Un faux billet sur trois de la zone euro circule en France. Et surtout 25% de la fausse monnaie circule dans notre région. Soit un billet sur quatre. Marseille détient la pole position devant la région parisienne et Lyon. "On n'a plus les officines qu'on pouvait démanteler auparavant mais tout un tas de nouveautés", résume volontiers Éric Arella, le directeur interrégional de la police judiciaire de Marseille. Il existe même des "tutos" sur internet pour confectionner des faux billets.


Le vrai billet est fabriqué en fibre de coton mais les Chinois savent tromper leur monde en utilisant du papier qui contient des fibrettes. Et les bandes holographiques qui sont une des sécurités du billet vendues par les Chinois sur le net, souvent de très bonne qualité, se vendent comme des stickers.


"La monnaie papier reste le paiement le plus sécurisé"


Il reste que "la monnaie papier reste le paiement le plus sécurisé : un faux billet sur 40 000. En quatre ans, on a divisé par deux le nombre de faux billets", assure Éric Bertrand, chef de l'Office central de répression du faux-monnayage (OCRFM).


La menace viendrait de la "Movie Money", cette monnaie qui progresse et dont l'ascension inquiète les autorités, ainsi qu'en attestent les conclusions du séminaire spécialisé destiné aux policiers experts de tous les pays de l'Union européenne - nom de code Perikles - qui vient de se tenir à Marseille pendant deux jours, à l'initiative de l'Office central pour la répression du faux-monnayage (OCRFM). La Provence a pu y assister.


Des techniques pour piéger les faussaires


La "Movie Money" ? Des billets qui s'achètent pour trois fois rien et peuvent tromper les commerçants mais aussi les usagers. "On ne sait pas encore si c'est de la vraie fausse monnaie ou de la fausse fausse monnaie", observe un enquêteur français. "Les magistrats du parquet ne sont pas encore très à l'aise avec ce type de situations", note la Banque centrale européenne, présente aux débats. "On est en effet dans le flou total, concèdent les enquêteurs français. Pas de jurisprudence et aucune peine prononcée à ce jour contre la movie money". Il faut espérer que cela ne donnera pas de mauvaises idées aux faussaires. Lors du séminaire, les divers pays européens concernés ont confronté leurs approches et leurs techniques pour piéger les faussaires. En Autriche, par exemple, l'"achat de confiance" par la police est autorisé pour remonter les filières, ce qui n'est pas le cas ailleurs. "Il faut partager les informations, via Europol notamment" : voici le message qui est revenu telle une antienne. "Nous travaillons avec les douanes car les douanes ont le pouvoir d'ouvrir les enveloppes", a confié un des enquêteurs autrichiens.



[SOURCE / LA PROVENCE]