[SANTE]: Arles : vers un mariage de raison entre l'hôpital et les cliniques.

Publié : 18 septembre 2019 à 15h56 par Patrick MONROE

Le travail de préparation aura été conduit de longue date et de façon discrète, de l'aveu même du directeur général de l'Agence régionale de santé Paca, Philippe de Mester. L'annonce qui en découle en aura sans doute surpris plus d'un. D'autant plus que depuis l'échec du rapprochement de la clinique Paoli avec l'hôpital il y a de ça plusieurs années, plus rien n'avait fuité en ce sens.


Lundi après-midi, dans la salle d'honneur de l'hôtel de ville, le patron de l'ARS Paca était entouré du maire, de la députée, d'élus arlésiens ainsi que de la gouvernance et d'une représentation des communautés médicales des établissements concernés pour officialiser l'existence d'"un projet de coopération entre le centre hospitalier et les cliniques Paoli et Jeanne-d'Arc (appartenant au groupe Elsan, Ndlr)". Un projet qui "va permettre de conforter, d'améliorer et de développer l'offre de soins sur le territoire du Pays d'Arles". Un territoire qui "n'est pas le mieux doté du département ni de la région en termes de personnel médical", dira Philippe de Mester. Et sur lequel "un patient sur deux, lorsqu'il a besoin d'une hospitalisation, va à l'extérieur. À Avignon, Nîmes ou bien Marseille", ajoutera Laurent Donadille, le directeur du centre hospitalier (CH) Joseph-Imbert.


À Arles, où les trois établissements "partageaient des fragilités économiques, ce qui réduisait leurs possibilités d'investissement dans la modernisation des plateaux techniques", ce partenariat médical public-privé -- "un cas d'écolecar il y a, en France, très peu de coopération public-privé avec ce niveau de maturité, de relations et de perspectives", précisera le président exécutif du groupe Elsan, Thierry Chiche -- pourrait permettre via le regroupement sur un site unique, de "maintenir une offre sanitaire qui puisse mieux répondre aux besoins de santé des patients." Et à plus long terme, redonner de la dynamique au Pays d'Arles sur le plan médical et créer de l'attractivité auprès de jeunes praticiens désireux de s'y installer.


Étape imminente : le regroupement de la filière cardiologique 


Concrètement, comment ce rapprochement va-t-il se matérialiser ? Il se ferait en deux temps. À très court terme, dans les mois qui arrivent, la filière cardiologique (spécialité de la clinique Paoli) serait regroupée au sein du CH avec la création d'une unité de 21 lits de médecine cardiologique et de 6 lits de soins de suite et de rééducation (SSR) cardio-vasculaire en hospitalisation complète. "Le premier étage de la fusée", dixit Laurent Donadille.


Pour assister au décollage dans son intégralité, il faudra attendre deux ans, soit le temps des travaux à engager sur le CH. Pendant ce laps de temps, sera créé un GCS, un groupement de coopération sanitaire. Autrement dit une entité administrative permettant d'associer l'hôpital, Jeanne-d'Arc et une association de médecins libéraux. Ce GCS devrait s'installer dans les locaux de la clinique, dont les activités ne seront transférées à Joseph-Imbert qu'à la livraison des travaux d'aménagements et de restructuration menés sur le site. "Une véritable modernisation" qui passerait par l'agrandissement du bloc opératoire et de l'unité de chirurgie ambulatoire, la reconstruction du laboratoire de biologie médicale et de l'unité de réanimation et de surveillance continue mais aussi par la création d'une maison des consultations. Un chantier d'envergure dont le montant est "en cours d'expertise" mais qui avoisinerait, selon Ahmed El Bahri, le directeur de l'organisation des soins de l'ARS Paca, les 15 à 17 millions d'euros. L'ARS prendra en charge une partie. L'hôpital également, à moindre échelle. Les détails financiers, et pas uniquement relatifs aux travaux, restent à préciser.


De même que les modalités de fonctionnement. "Pour l'instant, les modalités de ce rapprochement sont encore à définir, même si le principe est acté. Nous aurons nos deux activités l'une à côté de l'autre, et l'une en complémentarité de l'autre au sein des locaux de l'hôpital", a tenu à souligner lundi, le docteur Claire Gillot de la clinique Jeanne-d'Arc après un tour de table au cours duquel l'ensemble des présents s'est réjoui de ce projet. Un projet qui, selon le président exécutif du groupe Elsan, verra l'intégration de l'ensemble des quelque 130 salariés (30 personnes à Paoli et une centaine à Jeanne-d'Arc).


Après cette annonce officielle, les mois qui viennent vont être déterminants pour la suite. "Aujourd'hui (lire lundi) c'est le top départ de la communication et de la concertation", a ajouté Laurent Donadille. Des annonces ont été faites la semaine dernière aux salariés, aux communautés médicales et aux personnels des trois établissements. Du côté de l'hôpital, "la réception a été plutôt enthousiaste", a déclaré le directeur. Déjà des instances exceptionnelles ont été programmées. Le CTE (Comité technique d'établissement) se réunira le 25 septembre prochain. Le Conseil de surveillance, le 27. À l'ordre du jour notamment, "une délibération relative à des cessions d'actifs en lien avec l'activité de cardiologie et puis une délibération pour l'adhésion à ce Groupement de coopération sanitaire".


Les choses risquent de s'accélérer dans les jours à venir.



[SOURCE / LA PROVENCE]