[ SOCIETE - MEJANES ] Domaine de Méjanes en Camargue : changement de noms... mais pas de famille
Publié : 22 janvier 2020 à 9h13 par sarah rios
Passée la surprise du désengagement de la société Ricard en janvier 2019, il a fallu se (ré)organiser : les fils Guillot, et enfants, se structurent et restent sur un domaine où Michèle Ricard a de beaux projets.
Sous le regard du père, Pierre Guillot, toute une famille, autour des frères Xavier et Eugène, est réunie et rassemblée dans deux sociétés pour veiller tant aux destinées agricoles du domaine, qu'à son développement touristique.
Même période l'année dernière, dans le bureau du mas de Méjanes : c'est la douche froide pour la famille Guillot -- Xavier et Eugène notamment -- ainsi que pour Michèle Ricard, propriétaire du domaine. La direction générale de la société Ricard, à l'occasion de l'assemblée générale de l'Union des clubs taurins, annonce sa décision de se désengager de la propriété. Depuis 1974, et à la demande de Paul Ricard qui avait donné en héritage à sa fille Michèle les lieux, la société familiale comptait sur ces terres du bord du Vaccarès de nombreux salariés, liés dans tous les domaines par différents contrats. Michèle Ricard ayant répondu quasi simultanément au départ de la société par une forte volonté de conserver ce patrimoine, il a fallu un an pour démêler une situation juridique complexe, et redonner à chacun les bons statuts afin que l'histoire puisse reprendre "avec plein de projets, et de beaux projets !"
Dimanche dernier, dans le salon du même mas, la famille Guillot a retrouvé le sourire, et elle est quasi au complet.
Sous le portrait de Pierre Guillot, régisseur "historique" du domaine à la demande de Paul Ricard, et aux côtés des fils Xavier et Eugène, d'Hélène, il y a Justin, Marius, Elsa et Arthur, les enfants. "Depuis un an il se raconte n'importe quoi, même que des Chinois et des Russes ont racheté Méjanes, le moment est venu d'expliquer un peu mieux les choses..." Faute de cadre bien défini la famille a écouté sans mot dire les élucubrations des uns et des autres. Elle est satisfaite de pouvoir enfin sortir de sa réserve.
Elle le fait d'autant plus volontiers maintenant que, très vite, d'ici mars-avril, quand les premiers taureaux de la manade vont sortir dans le cadre des courses camarguaises, le public va constater une différence importante par rapport à la temporada passée. "Jusqu'à présent la manade s'appelait Paul Ricard, nous avons souhaité recentrer toute la communication sur le domaine et, dès cette saison, ce sera la manade Méjanes !" La société Ricard est-elle pour quelque chose dans ce changement aussi ? Toujours est-il que pour promouvoir une terre tournée vers l'accueil du public, cette nouvelle dénomination a du sens. Reste maintenant à le faire savoir aux clubs taurins et aux arènes. Méjanes ou Ricard, les passionnés auront vite fait de bien identifier les fantasques biou... C'est en 1980 que la manade avait été relancée, à la demande de Paul Ricard, décédé en 1997. Elle devait sa création à l'émergence des clubs taurins en 1954.
Deux sociétés avec des objectifs différents
Le domaine de Méjanes s'étire sur 600 hectares en bordure de l'étang du Vaccarès. Xavier Guillot aime à dire que c'est un condensé de Camargue. Avec un élevage de taureaux donc (environ 250 têtes dont une cinquantaine de vaches gestantes), un autre de chevaux de race Camargue -- eux aussi marqués du trèfle, le fer ne changera pas -- et aussi une grande part dévolue à l'agriculture, avec du riz, des céréales, de la chasse et de la pêche. "Méjanes c'est aussi la problématique de l'étang du Vaccarès qui rentre dans les terres, une irrigation à assurer car c'est notre pompe qui mène l'eau sur le domaine" soulève-t-on avec expertise, en misant sur la poursuite de la collaboration avec le parc naturel régional de Camargue notamment.
Des années durant fermiers de Méjanes et salariés de la société Ricard, les Guillot ont constitué deux sociétés pour répondre à la nouvelle situation occasionnée par le désengagement de la société Ricard.
"Une SCEA, société civile d'exploitation agricole,a été créée et elle est la fermière du domaine appartenant à Michèle Ricard. Par ailleurs avec une SARL nous avons repris la gestion toutes les activités touristiques qui existent depuis 1993..." Il s'agit de la promenade à cheval, des arènes, du petit train, du kiosque...
Ayant les coudées franches désormais pour activer tous les leviersde développement, dans un nouvel esprit d'entreprise, la famille entend exploiter l'existant, et même proposer de nouveaux rendez-vous.
La jeunesse des enfants, aussi amoureux de cette partie de Camargue que leurs aînés, sera un atout. Tous -- et les initiales de leurs prénoms : JMEA, forment le nom de la SCEA -- possèdent les niveaux d'études suffisants pour intervenir, et seront aidés. Le gardian Claude Guérin reste aux avant-postes, rejoint par Gauthier Coudère pour la part agricole et Amandine Alcazar pour le secrétariat et la communication.
On parlera du domaine Paul Ricard de Méjanes jusqu'à la fin 2020, puis tous les documents promotionnels et publicitaires seront revus avec "seulement" Méjanes. Prochainement un programme de rendez-vous sera arrêté, avec des animations chaque mois, des arènes de nouveau confiées, pour le Rejon d'Or, à Jean-Baptiste et Lola Jalabert -- "car c'est une histoire de famille comme nous, et qu'ils sont complémentaires". D'ores et déjà un premier événement se dessine. "Ce sera en juin, autour du tri du bétail, en associant camarguais et américains..." L'envie est toujours là.
Pour contacter la manade par mail, l'adresse est désormais manademejanes@orange.fr
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Source: laprovence.fr / J. Zaoui
Photo: V. Farine