[SOCIETE]:Test Covid en Vaucluse et Bouches-du-Rhône : bon courage !

Publié : 24 août 2020 à 8h38 par Patrick MONROE

Toux, légère fièvre jusqu'à 38.5, courbatures, maux de tête : des signes symptomatiques du Covid-19 qui ont poussé Renaud, la quarantaine, à se faire tester. Déclaré une première fois négatif malgré une fièvre persistante, il est retourné se faire dépister. "Monsieur, impossible de vous tester aujourd'hui, nous sommes saturés, il faudra revenir demain." Dans ce laboratoire de Martigues, impossible de faire face à toutes les demandes journalières.


Quatre heures d'attente devant l'IHU du professeur Raoult à Marseille, c'est le prix qu'a payé Sabrina pour s'assurer qu'elle n'était pas positive après avoir côtoyé, au travail, un collègue "couché depuis avec le Covid".


Appelé par l'Agence régionale de santé (ARS) à se rendre rapidement dans un laboratoire d'analyses, ce quadragénaire est reparti bredouille chez lui. "Les salles de prélèvement du laboratoire sur le boulevard Chave à Marseille sont saturées jusqu'en fin de semaine. Je suis pourtant un cas contact", plaide-t-il.


Jour après jour, les mêmes témoignages et les mêmes scènes se répètent en cette fin août. Depuis que les tests de dépistage du Covid-19 sont gratuits pour tous, même sans ordonnance, et avec l'obligation de fournir un test PCR négatif à l'entrée de plusieurs pays, les laboratoires ont été pris d'assaut, et n'y arrivent plus. Comme mercredi dernier sur le boulevard Barral à Marseille, complètement embouteillé par des Marseillais attendant patiemment leur tour devant un centre d'analyses. Une situation qui ne va pas s'améliorer avec les nouvelles recommandations sanitaires, qui encouragent à se faire tester systématiquement au retour des vacances.


"La tension est forte"


Un contexte qui met à l'épreuve les laboratoires. Car, au même rythme que l'augmentation de nouveaux patients, les incivilités sont de plus en plus nombreuses dans les centres. "La tension est forte", confirme le professeur Philippe Halfon, infectiologue-virologue à l'hôpital Européen de Marseille et patron des laboratoires Alphabio (lire aussi ci-contre). Il a dû faire appel à des agents de sécurité pour rassurer ses employés. "L'ambiance devient facilement électrique si vous ne donnez pas les résultats en temps et en heure à ceux qui doivent voyager."


Pire, lui-même a reçu des menaces de plaintes de personnes lui réclamant "le remboursement des billets d'avion ou de bateau" car elles ont récupéré les résultats de leurs tests trop tard.


"Ce n'est pas faute d'avoir mis des moyens matériels et humains supplémentaires. Ce n'était pas gagné au mois d'août avec du personnel déjà fatigué par l'épisode de cet hiver, s'insurge le médecin. Nous réalisons 1 000 tests par jour et une équipe de biologistes dédiée aux tests PCR travaille désormais la nuit." Il s'estime favorisé par rapport à d'autres structures. "Vous avez des laboratoires qui n'ont que deux, trois ou quatre salles de prélèvement, ne pouvant prendre que quatre ou cinq patients. Cela va devenir compliqué de satisfaire tout le monde. Alors, les longues files d'attente, on va malheureusement s'habituer à ce spectacle."


Dans une colère contenue, le Pr Halfon évoque ces "vrais patients malades du Covid ou d'autres pathologies" qui hésitent à venir dans les laboratoires parce qu'ils ont peur des conditions d'attente. Dans un laboratoire d'analyses biologiques de Septèmes, Thierry, 58 ans, doit patienter sept jours pour effectuer son bilan sanguin... demandé par son cardiologue !


Une jeune femme a failli reporter d'un mois sa fécondation in vitro (FIV). Une histoire qui se termine bien. Les résultats ont été transmis juste à temps.


Quand le civisme prend des vacances...


"Les prélèvements de complaisance ont pris le pas sur le reste", regrette un autre biologiste. Car, si les laboratoires provençaux comptaient sur le civisme et le sens des responsabilités de leur patientèle, ils ont vite déchanté. "Pour peu qu'ils aient un avion à prendre, ou un bateau, beaucoup de gens mentent", déplore une secrétaire médicale submergée par les appels téléphoniques.


Consciente de l'allongement des délais de rendus des résultats des prélèvements en laboratoire, l'ARS encourage "la priorisation pour les tests. Les prélèvements urgents sont rendus en 24 h ou 48 h pour les personnes qui ont des symptômes du Covid-19, les personnes contacts des cas positifs, les personnes concernées par les campagnes de dépistages organisées par l'ARS dans le cadre de clusters, etc. Les résultats des prélèvements des personnes qui se présentent spontanément peuvent donc arriver avec un peu plus de retard. Il faut saluer l'effort constant des laboratoires et des biologistes qui s'adaptent de semaine en semaine à une demande de tests de plus en plus forte."


Sauf que ce n'est pas toujours vrai. À Martigues, des cas contact guettent leurs résultats depuis 3 jours et demi


Pour accélérer la prise en charge, certains biologistes évoquent l'ouverture de lieux de prélèvement dédiés où la capacité d'accueil serait bien plus importante et plus adaptée. Comme au printemps, au pic de l'épidémie.



[SOURCE / LA PROVENCE]