La commune de Saint-Martin-de-Crau est devenue ingérable pour son maire. Hier soir, dans une salle du conseil dans laquelle le public s'est encore massé dans des conditions que l'opposition et les élus dissidents de la majorité ont dénoncé d'une même voix, Christophe Laufray, pourtant adepte forcené de la méthode Coué, a été obligé de se rendre à la raison : neuf mois après son élection, son équipe, divisée en deux camps antagonistes depuis la mi-décembre, est désormais définitivement incapable d'une réconciliation.
Alors que la séance s'achevait sur un constat d'échec après le rejet du rapport d'orientations budgétaires par une large majorité des présents (20 votes contre), ses ex-alliés, par l'intermédiaire de Rémy Jacquot, son 4e adjoint, ont demandé à Christophe Laufray pourquoi il avait refusé d'inscrire le retrait des pouvoirs du maire à l'ordre du jour, comme le groupe "Unis pour Saint-Martin" l'avait souhaité. "Accéder à votre désir entraînerait la paralysie de l'administration municipale, a rétorqué l'édile, dans un dernier sursaut. Si vous voulez y aller, allez-y ! Continuez votre travail de sape, vous allez y arriver !" Une tirade désespérée, résonnant comme un chant du cygne. Un énorme aveu d'impuissance.
Lors du prochain conseil municipal, programmé le 11 avril, si le front commun de plus des deux tiers des élus municipaux qui lui fait face à présent reste cohérent, le premier budget de Christophe Laufray ne sera pas adopté. Et l'État devra reprendre la main pour assurer les affaires courantes. Une hypothèse qui se fait de plus en plus réaliste, ce dernier ayant clairement laissé entendre hier qu'il comptait conserver son mandat. "Nous avons été élus démocratiquement, nous le resterons, et droit dans nos bottes !", a-t-il scandé après qu'un spectateur a bruyamment réclamé sa démission.
Polémique autour de la ligne à très haute tension
À l'origine de ses tourments, les dissidents de la majorité de Christophe Laufray n'auront pourtant pas été les plus farouches contempteurs des orientations budgétaires présentées, laissant le soin à Séverine Dellanegra, à la tête du groupe "Saint-Martin avant tout", d'émettre les plus virulentes critiques. "Je suis très inquiète à la lecture de ce rapport", a-t-elle assené, pointant la prévision d'une épargne nette négative et le montant particulièrement élevé des emprunts projetés, 2 millions d'euros, soit "le cumul des trois années précédentes !"