[ SANTE - ARLES ] Arles : une première graphothérapeute s'installe à Trinquetaille

Audrey Cassan vient de créer son cabinet de graphothérapie à Trinquetaille. Une discipline méconnue qui vise à aider les plus jeunes à surpasser leurs difficultés face à l'écriture manuscrite.

17 septembre 2024 à 14h24 par Cyrielle GRANIER /Laprovence.com

Crédit : Valérie Farine


Trouver les causes des difficultés à l'écriture chez l'enfant, puis rééduquer le geste graphique, avec l'objectif ultime de lui faire retrouver le plaisir d'écrire, et de l'aider à gagner en confiance. Dans le cabinet qu'elle vient d'ouvrir dans le quartier de Trinquetaille, c'est ce à quoi va s'employer Audrey Cassan, jeune diplômée en graphothérapie, une discipline qu'elle a découverte sur le tard et dont la grande utilité auprès des plus jeunes l'a immédiatement convaincue. "J'ai été éducatrice spécialisée au sein d'un institut médico-éducatif pendant 14 ans, puis j'ai décidé de me reconvertir, tout en voulant rester dans le milieu de l'enfance.Une amie m'a parlé de ce métier de graphothérapeute que je ne connaissais pas. J'ai trouvé une formation à Aix-en-Provence, que j'ai suivie pendant 18 mois", explique la jeune femme.


Dans les pas de "l'inventeur" de la discipline, le neuropsychiatre et psychanalyste Julian de Ajuriaguerra qui, lorsqu'il crée le premier service de graphothérapie au sein d'un hôpital parisien dans les années 1960, associe déjà la dysgraphie à d'autres troubles "dys" (dyslexie, dyscalculie, TDAH, trouble du spectre autistique...), Audrey Cassan choisit de se former auprès de Graphidys, un organisme dont le cursus proposé lui semblait le plus adapté, car le plus large. "Cette formation proposait d'évaluer l'enfant sur plusieurs critères. Au moment d'établir le bilan, on lui fait passer des tests linguistiques, moteur, visuel et des tests d'attention. D'autres formations prévoyaient de ne faire passer que des tests d'écriture. Or, si un enfant a par exemple des troubles visuels mais n'est pas suivi par un orthoptiste, ça ne sert à rien de lui faire travailler sa tenue de ligne à l'écrit. De la même façon, un enfant qui a de gros troubles linguistiques doit aussi être suivi par un orthophoniste. Quand on rééduque le geste graphique, il faut aussi prendre en compte les autres difficultés pour arriver à des résultats satisfaisants", explique la maman de deux garçons, habituée dans son ancienne vie d'éducatrice spécialisée à travailler en équipe pluridisciplinaire.


Alors cette relation avec d'autres professionnels, Audrey Cassan veut essayer, autant que possible, de la créer autour de ses petits patients, pour que toutes les chances soient mises du côté de la réussite.




De plus en plus d'enfants sont en difficulté, et les enseignants ne savent pas vers qui les orienter.



Relaxation, repositionnement, automatisation


"De plus en plus d'enfants sont en difficulté, et les enseignants ne savent pas vers qui les orienter", affirme la graphothérapeute. La présence toujours plus importante des écrans dans les foyers, mais aussi à l'école, n'est là encore pas étrangère à ces difficultés d'écriture qui ne font plus exception chez les écoliers, collégiens et lycéens. "Les enfants ne manipulent plus des objets comme ils le faisaient avant. Ça a un impact énorme. Ils n'ont plus autant de force dans les doigts, n'ont plus autant l'habitude de tenir un stylo", explique encore Audrey Cassan.


Avant une première séance, elle établit un bilan des besoins de l'enfant, en s'entretenant dans un premier temps avec ses parents. "Je cherche à savoir depuis quand les difficultés durent, s'il y a d'autres problèmes, et surtout à savoir si l'enfant a envie de suivre la rééducation. Car si ce n'est pas le cas, ça n'est pas une bonne chose de la lui imposer."


Pendant les séances, la graphothérapeute propose d'abord un moment de relaxation, avant de rééduquer toute la posture. "On remet en place la position du corps, mais aussi de la feuille et du stylo. On repositionne le tout, avant de travailler à l'automatisation du geste. Les enfants qui ont des troubles de l'écriture sont en fait en surcharge cognitive. Par exemple, un enfant dyslexique va se concentrer sur les lettres et sera en 'double tâche'. Il faut donc essayer de s'adapter à chacun d'entre eux ". Utiliser du sable, de la peinture, des rubans... Audrey Cassan se sert de nombreux outils pour travailler le geste. "On propose des choses variées, pour que ce soit le plus ludique possible. Que l'enfant ne vienne pas en se disant qu'il ne va faire que de l'écriture."


Pendant sa formation et supervisée par une enseignante à la retraite aujourd'hui elle-même graphothérapeute, la jeune femme a accompagné un enfant en difficulté. "J'ai envoyé à ma formatrice tout le déroulé des séances, j'ai expliqué pourquoi je choisissais telle ou telle méthode", détaille-t-elle. Très réticent à écrire, le petit garçon suivi a finalement, après 12 séances, retrouvé du plaisir. "Désormais, il est demandeur, ne rechigne plus à faire ses devoirs alors qu'avant, il avait un véritable blocage..."


Peu nombreux sur le territoire -- ils sont un peu moins de 600 dans toute la France -- les graphothérapeutes espèrent aujourd'hui faire connaître leur métier. Réunis au sein de la fédération Grafem, ils espèrent obtenir une reconnaissance de l'État afin de pouvoir à la fois se faire adresser des patients par des médecins généralistes, mais aussi pouvoir leur faire bénéficier d'un remboursement, remboursement aujourd'hui proposé par certaines mutuelles.


Audrey Cassan, graphothérapeute, 23 rue de la verrerie à Arles. Sur rendez-vous uniquement au 06 49 52 60 36


 


Source: laprovence.com