Ce n'est pas l'opération la plus importante, mais c'est une opération symbolique." Au moment d'inaugurer, hier, le chantier de reconstruction des digues urbaines du Vigueirat, dans la zone commerciale Fourchon, Charles Vergobbi, directeur départemental adjoint de la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer) a souligné le caractère singulier de ces travaux menés dans le cadre du programme de sécurisation mené par le Symadrem (Syndicat mixte interrégional d'aménagement des digues du delta du Rhône et de la mer), du barrage de Vallabrègues à la mer inscrit au Plan Rhône. Une reprise d'ouvrages de protection situés en pleine ville qui représente une mesure d'accompagnement de la digue Tarascon-Arles achevée en 2021.
Dans un timing parfait, c'est donc à l'occasion des commémorations des 20 ans des inondations de décembre 2003, tragique point de départ de la stratégie élaborée autour de l'aménagement du fleuve en 2004, qu'a eu lieu cette inauguration. "C'est un moment unique, car nous achevons la sécurisation complète des digues de premier et de second rang du Rhône débutée en 2007 après la signature du premier contrat de projets interrégional Etat-Région Plan Rhône", a précisé Pierre Raviol, président du Symadrem.
Ces travaux, effectués en rives droite et gauche de la route de Pont-de-Crau à la RN 113, doivent "assurer une protection contre la crue millénale du Rhône". "Tout l'enjeu du chantier a consisté à adapter les travaux au contexte urbain et à l'écoulement permanent du Vigueirat", a précisé Pierre Raviol pour souligner le niveau de technicité des entreprises intervenues, parmi lesquelles les Arlésiennes Guintoli et EHTP (du groupe NGE, basé à Saint-Etienne-du-Grès), et Masoni, mais aussi SLTP, de Port-Saint-Louis-du-Rhône.
C'est en millions d'euros le coût global du chantier. Financé à 40% par l'État , 30% par le Département, 25% par la Région et 5% par l'agglo
Les berges du tronc commun, où le canal de la Vallée des Baux (qui vient du sud des Alpilles) rejoint celui du Vigueirat (qui permet l'écoulement des eaux du nord du massif), ont également été rehaussées pour atteindre une cote de 2m50. En pic d'activité, ce sont 22 machines de terrassement qui ont été mobilisées pour assurer 60 000 m3 de mouvement de terres sur 4,5 km de digues. 88 % des terres excavées ont été triées et revalorisées.
En attendant que des liaisons cyclables soient aménagées en crête de digue, des réseaux d'eaux, potable et pluviales, ont été dévoyés et restructurés, et sortis de l'emprise de la digue pour en assurer la stabilité. Dans le même ordre d'idée, des grillages anti-fouisseurs ont été posés et des fascines plantées pour végétaliser les pieds de berges.
Un hommage rendu à Alain-Pierre Romac
"Dans ce monde où, désormais, les réseaux sociaux sont rois, avec leur lot d'images futiles, de vanité et d'autosatisfaction, où l'individu se dévoile avec une rare impudeur, il est bon de se souvenir de ceux qui servent, discrètement et efficacement, sans rechercher d'autre récompense que celle de savoir qu'on fait son devoir". C'est par ces mots que Patrick de Carolis, maire d'Arles, a rendu hommage hier matin à Alain-Pierre Romac, directeur du Sydrhemer, puis du Symadrem, entre 1997 et 2007, décédé en 2017.
En présence de son épouse Anne-Marie, de sa fille et de ses petites-filles (notre photo), une plaque a été dévoilée sur le quai de la Roquette à la mémoire de ce "grand ingénieur, grand serviteur et grand homme pétri d'humanité" dont Patrick de Carolis a aussi loué "la présence constante lors de toute menace, avec calme, efficacité et discrétion".