[ Société ] À Marseille, l'association Singa aide les réfugiés à créer leur entreprise

Grâce à l'association Singa, Paula, Marivic et Evgenia ont un "mentor" pour leur projet.

Publié : 16 octobre 2024 à 16h10 par Théo BESSARD

Crédit : Gilles Bader

L'incubateur, qui aide les migrants à lancer leur activité, vient de passer le cap des 50 bénéficiaires.




Un programme devenu indispensable à toute personne qui pose ses valises à Marseille et souhaite devenir chef d’entreprise. L’incubateur Singa, situé en face de l’ex-résidence artistique Coco Velten (1er), a passé un nouveau cap en accueillant pour sa deuxième année d’existence plus de 50 bénéficiaires. Français et réfugiés s’y côtoient pour créer leur activité.


Des bénéficiaires en danger dans leur propre pays


Construit en 3 phases (étude de marché, financement et image de marque), ce programme d’aide à la création d’entreprise rassemble des profils très différents venus du monde entier. Parmi eux, Evgenia est réfugiée à Marseille après avoir été inquiétée dans la Russie de Vladimir Poutine en raison de son homosexualité, et de la publication d’un livre pour enfants qui évoque l’histoire de deux femmes.


"Avec l’association BF Sphera (Sphère queer, en français) dont je faisais partie, nous avons imaginé un livre pour jeunes enfants qui recèle deux histoires. La première est calquée sur ma propre vie et celle de mon ex-femme, la seconde narre la vie d’une famille dans laquelle il y a deux papas", résume posément la jeune femme. Classé par les autorités russes comme "interdit aux moins de 18 ans", dit-elle, son livre est purement et simplement retiré des librairies dès l’offensive du régime en Ukraine. Pas de quoi décourager la jeune femme. Evgenia a reçu l’aide de Singa pour approcher l’association inclusive Forbidden Colours ("les Couleurs interdites") en Belgique, afin de diffuser largement son ouvrage en Europe, dans les Balkans ou en Géorgie.


Une trentaine de projets accompagnés


A ses côtés Marivic, ex-nounou, et Paula, infirmière, sont quant à elles originaires des Philippines. "J’ai commencé par créer des bijoux à base de fleurs naturelles recouvertes de résine transparente", se lance Marivic, plus à l’aise en anglais qu’en français. "Avec l’aide de Singa, je les vends sur les plateformes de vente en ligne et ça marche déjà bien. J’ai même des clients aux États-Unis !", se réjouit cette jeune mère, ravie d’avoir ainsi pu acquérir sa pleine autonomie financière. Paula a, elle, l’ambition d’ouvrir un "restaurant nomade" avec Marivic, baptisé Sarap ("délicieux" en tagalog, la langue philippine) sous la forme d’un engin roulant dans lequel on trouverait toutes les saveurs de leur pays. "C’est grâce à Singa qu’on a pu adapter notre menu en incorporant des recettes végétariennes qui sont très à la mode parmi les jeunes Marseillais mais pas du tout chez nous, aux Philippines", expliquent-elles.


Au-delà de favoriser l’indépendance financière, Singa aide dans tous les aspects de l’intégration. Tandis que Paula améliore son français dans des ateliers gratuits, Marivic peut compter sur l’aide administrative de Singa pour trouver un local commercial où elle pourra vendre ses bijoux fleuris. Singa accompagne à Marseille 15 personnes dans les prémices de leur projet, et 12 dans sa finalisation.


 


Article : LaProvence