[ SOCIETE ] Arles : des architectes ont proposé des idées pour rafraîchir la ville face au réchauffement climatique

La résidence d'architecture Acclimatation(s) a dévoilé ses solutions pour rendre le centre historique, très minéral, plus supportable quand les températures montent. Une exposition en mairie en témoigne.

Publié : 17 octobre 2023 à 11h09 par La provence Rios


Confronté au réchauffement climatique, le centre-ville d'Arles est particulièrement exposé aux épisodes caniculaires estivaux. De plus, Arles est une ville très minérale, qui conserve la chaleur. Partant de ce constat, la résidence d'architecture Acclimatation(s) a cherché pendant six semaines des solutions à proposer à la mairie pour aider les Arlésiens à vivre mieux. Mais alors, comment adapter la ville au réchauffement climatique ? Pour cela, l'État et la Ville lancent une étude pilote pour concilier protection patrimoniale et rafraîchissement urbain. Le centre historique d'Arles fut l'un des premiers à obtenir plusieurs classements au patrimoine mondial de l'Unesco. Il est protégé par un plan de sauvegarde et de mise en valeur. La Ville doit donc tenir compte de son patrimoine historique.


C'est pourquoi la Direction régionale des affaires culturelles de Provence-Alpes-Côte d'Azur (Drac Paca) a souhaité faire émarger des solutions de rafraîchissement adaptées aux espaces patrimoniaux. La municipalité s'est immédiatement portée volontaire afin d'expérimenter sur son territoire des réflexions et des actions. En février 2023, un premier atelier réalisé par les étudiants de l'École nationale supérieure d'architecture de Marseille a eu lieu sur ce thème à Arles. Les étudiants ont cartographié les lieux et parcours de fraîcheur, d'air, d'eau et de verdure de la ville et suggéré des pistes pragmatiques, qui tirent parti de l'existant, des usages locaux ancestraux et du patrimoine. Cette expérience s'est poursuivie cet été via la résidence d'architecture Acclimatation(s).


Une première dans la région. Animée par la Maison de l'architecture et de la ville Paca, cette résidence a réuni plusieurs architectes du patrimoine, paysagistes et urbanistes chargés d'aller dans le centre-ville à la rencontre des habitants. Ces derniers ont produit une étude poussée en réalisant des diagnostics et en élaborant des propositions. C'est à l'occasion des Journées nationales de l'architecture qu'ils ont dévoilé, jeudi, leurs conclusions durant une balade au coeur du centre-ville, afin de révéler les bons exemples de lieux de fraîcheur et les îlots de chaleur à corriger. Une exposition, présente pendant deux semaines dans la salle des pas perdus de l'hôtel de ville, vient en parallèle illustrer leurs solutions.


Végétaliser et remettre en eau le Canal de Craponne


Antoine Basile, architecte de la résidence Acclimatation(s), livre les conclusions de son équipe : "Il faut faire l'inventaire des dispositifs traditionnels qui existent. On propose de créer des ombrages au travers de treillis végétaux issus de matériaux naturels de Camargue, comme le roseau et la canne de Provence. Puis il faut revégétaliser les espaces publics en accord avec l'architecture et le secteur sauvegardé." La participation des habitants à la végétalisation est active à Arles, où fleurissent de nombreuses grimpantes au fort pouvoir rafraîchissant. De plus, l'eau est présente partout : Rhône, canaux de Craponne et du Vigueirat, fontaines et bassins que la ville s'attache à rénover et à remettre en eau. Les architectes proposent de poursuivre ces démarches et imaginent rouvrir le canal de Craponne afin qu'il serve de point de fraîcheur et accentue la circulation de l'air frais. Ils évoquent la possibilité de créer des guinguettes éphémères sur les quais. Antoine Basile ajoute qu'il est nécessaire de désimperméabiliser les sols pour laisser circuler l'eau et créer un voilage qui laisse circuler l'air. Cela favorisera le végétal et l'évapotranspiration. "Il faut avoir des sols poreux. On propose, pour cela, de développer des calades", précise-t-il. Son équipe veut concevoir des ombrages sur la rue de la République, végétaliser la place Henri-de-Bornier, entre les arènes et le théâtre antique.


Des pistes présentées en 2024


Cette expérimentation est une première étape. Dans un mois, techniciens de la Ville et architectes des Bâtiments de France marcheront sur les pas des résidents pour discuter des solutions de terrain qui concilient transition écologique et protection patrimoniale. Les mesures tests suivront. La Drac Paca va également continuer son vaste programme "îlot de fraîcheur en espaces protégés". Un colloque présentant toutes les pistes que les collectivités peuvent mettre en oeuvre sera organisé en 2024. "L'équilibre est difficile à trouver entre patrimoine et rafraîchissement urbain. Il faut analyser les idées pour les mettre en place le plus rapidement possible parce qu'il y a des enjeux de santé publique, de biodiversité et d'attractivité de la ville", détaille Jérémie Choukroun, référent transition écologique à la Drac Paca.


"C'est un honneur d'être la ville pilote. La résidence nous a permis d'ouvrir les portes puis les yeux. On constate qu'on a tout sous la main : l'air, l'eau, les végétaux à amplifier. Nous sommes dans l'urgence face au réchauffement climatique. Il faut qu'on étudie les pistes et qu'on se lance", déclare Sophie Aspord, adjointe au maire en charge de l'urbanisme, de l'aménagement du territoire et du patrimoine. La Mairie espère lancer ces projets à partir de fin 2024.