[ SOCIETE ] Arles : "Nous droguons nos enfants aux écrans"

C'est un vrai coup de gueule que Virginie Maris, avec son timbre de voix fluet, a poussé jeudi soir au conseil municipal d'Arles. Un message d'alarme que l'élue d'opposition du groupe Changeons d'avenir a voulu faire passer à l'occasion du vote d'une demande de financements auprès de l'Education nationale et du Département pour l'achat de tablettes tactiles destinées aux élèves des écoles. Dix-huit des vingt-trois établissements éligibles au dispositif seront équipés de dix tablettes numériques iPad.

"J'avais déjà exprimé mes réserves par rapport à la surexposition des enfants aux écrans en général et aux interfaces numériques, surtout dans le contexte éducatif, a énoncé Virginie Maris. Je pense que l'urgence aujourd'hui dans les écoles c'est d'avoir des êtres humains pour que les élèves puissent s'éduquer et s'épanouir. Pour moi, la surexposition aux écrans est un problème quasi-épidémique. On se rend compte que ses effets sur le développement cognitif sont catastrophiques, on a probablement une catastrophe à venir dans la génération des jeunes élèves. Je vous alerte toutes et tous sur le fait que nous sommes en train d'empoisonner nos enfants, de les droguer aux écrans. Et le fait que l'Education nationale soit complice de cette catastrophe sanitaire, pour moi c'est quelque chose de terrible. Et je regrette que la mairie d'Arles accompagne ce saccage."

Un réquisitoire qui a fait consensus d'un point de vue philosophique, puisque, en écho à ces propos, Frédéric Imbert, adjoint au maire en charge de l'éducation et des écoles, a répondu à Virginie Maris : "Vous avez raison, c'est une bombe à retardement, c'est explosif. J'en discutais récemment avec une puéricultrice du Centre d'action médico-sociale précoce, depuis le Covid, il y a un nombre croissant de jeunes enfants qui sont déconnectés des interactions sociales réelles."

Oui mais voilà, entre "l'obligation" imposée aux collectivités, et le "retard et le sous-équipement" constatés à Arles en la matière, seuls quatre élus ont voté contre. "Beaucoup de nous approuvons les propos de Mme Maris", a pourtant également glissé le maire, Patrick de Carolis.