[ Société ] Le Mucem à Marseille et 3 autres musées visés par des plaintes pour "travail illégal"

Le syndicat Sud-Culture a porté plainte contre 4 musées en France, dont le Mucem et le Louvre, pour "travail illégal".

Publié : 21 octobre 2024 à 16h38 par Camille avec AFP

Les avocats ont indiqué avoir également saisi l'Inspection du travail.


 


Le musée désormais emblématique de Marseille, le Mucem, est visé comme 3 autres musées par des plaintes pour "travail illégal". Ils sont soupçonnés d'avoir employé illégalement de la main d'oeuvre.


Le syndicat Sud-Culture a déposé cette semaine plusieurs plaintes, sur fond de critiques de l'externalisation dans le monde de la culture. Ces plaintes, également évoquées par Libération, ont été transmises par courrier ce mercredi selon une source proche du dossier à l'AFP.


Une plainte vise le Mucem mais aussi le Louvre, musée le plus visité au monde avec 8,9 millions de visiteurs en 2023. Deux autres plaintes déposées à Paris visent la Bourse de commerce-Pinault Collection et le Palais de la Porte Dorée.


Contacté par l'AFP, le Mucem a fourni une longue réponse, indiquant notamment que "le ministère de la Culture a dès le début du projet du Mucem décidé que (des) missions seraient externalisées dans le cadre de marchés publics, comme cela est le cas dans d'autres musées nationaux".


Le musée a indiqué qu'une organisation interne permettait de "s'assurer que les personnels du prestataire ne soient pas subordonnés à un personnel du Mucem" et que les questions de ressources humaines "sont traitées directement par le prestataire", "sans intervention" du Mucem.


Du côté du Louvre, on indique n'avoir "aucune information" concernant une telle plainte, et "ne jamais commenter" une éventuelle enquête en cours.


Le procédé dénoncé est à chaque fois le même : ces musées se voient reprocher d'avoir passé des appels d'offres relatifs à diverses prestations (accueil, médiation en salle, vente, vestiaire, audioguides, etc.) pour lesquelles des sociétés privées mettent à disposition des salariés.


Sur le papier, ce prêt de main d'oeuvre est parfaitement légal. Mais d'après les plaignants, il pose question car "les salariés prêtés se trouvent en réalité subordonnés directement aux équipes" des musées, sont "traités différemment des agents internes" avec des conditions de travail qui seraient moins bonnes, et serait in fine "exclusivement à but lucratif".


Pour les plaignants, "l'objectif affiché" est de libérer les musées "des contraintes de la gestion des tâches logistiques. Ce mécanisme d’externalisation a souvent été mis en place par les Établissements publics culturels pour pallier aux plafonds d’emploi fixés par les textes budgétaires et le Ministère de la Culture."


Dans un communiqué de mai 2023, l'équipe des agents d'accueil du MuCEM affirmait par exemple que cette externalisation "dénature nos missions et vide de sens notre travail", avec une "multiplication des démissions, arrêts de travail, burn outs et accidents de travail", et appelaient leur direction à "internaliser" les postes en question.


Sud-Culture souligne lui que cette "externalisation est une pratique qui touche massivement les établissements culturels depuis plusieurs années : le Centre Pompidou-Metz (2010), le Louvre-Lens (2012), le Palais de Tokyo (2012), le MuCEM (2013) la Fondation Louis Vuitton (2014), etc."


En parallèle, les avocats ont indiqué avoir également saisi l'Inspection du travail.