[ TRADITION ] La corrida en danger en France

Publié : 16 novembre 2022 à 10h12 par sarah Rios

Le 25 octobre dernier l'ancien journaliste et député NUPES Aymeric Caron, à mis sur la table la question de l'interdiction de la corrida dans toute la France au nom du bien-être animal. Un sujet qui fait débat aux 4 coins de la métropole mais aussi au sein du gouvernement. Si la majorité ne veut pas donner de consigne de vote au risque de voir la mesure adoptée, les pro et anti-corrida n'ont pas de parti politique. Le sujet divise. 


 


Du côté des élus locaux, ils ne manquent pas d’arguments pour défendre une tradition dont l’abolition porterait, selon eux, « un coup fatal » à l’ensemble des villes concernées mais aussi aux éleveurs de taureaux de combat. Actuellement, ces spectacles taurins, se terminant généralement par la mise à mort de l’animal, bénéficient d’une dérogation à l’article 521-1 du code pénal qui réprime les actes de cruauté envers les animaux, lorsqu’ils constituent une « tradition locale ininterrompue ». C’est le cas dans le Gard, les Pyrénées-Atlantiques, la Nouvelle-Aquitaine ou encore les Bouches-du-Rhône. Cette exception, validée par le Conseil constitutionnel en 2012, a plusieurs fois été contestée, sans succès. Or, selon le député, la justification d’un tel dispositif ne tient pas : « La corrida n’est en rien une tradition française, mais espagnole », écrit-il dans l’exposé des motifs. Depuis le dépôt du texte, les élus des villes concernées font front commun. Plusieurs motions ont été votées lors de conseils municipaux à Arles, Ortez et Béziers, notamment, pour défendre la corrida en tant que tradition et dénoncer une atteinte aux libertés culturelles. Une position partagée par la présidente de la région Occitanie, Carole Delga (PS), qui a déclaré récemment : « Je soutiens la corrida, comme je soutiens la tradition. Nous pouvons tout à fait travailler sur la question du bien-être animal, mais nous devons savoir reconnaître la différence des cultures. »


 


Si cette proposition de loi « se veut symbolique, il ne faut pas perdre de vue toutes les conséquences qu’elle pourrait avoir », estime Vincent Bouget, conseiller départemental (communiste) du canton de Nîmes 3, chargé des sports.  En termes économiques tout d’abord. A Nîmes, par exemple, les férias permettent une retombée économique de 60 millions d’euros. Les deux férias d’Arles rapportent à la ville près de 12 millions d’euros. L’autre impact majeur mis en avant par les défenseurs de la corrida concerne la biodiversité. « Ce texte marquerait la fin des élevages de taureaux de corrida, or ce sont des élevages extensifs qui permettent de développer des environnements particuliers. Cela signerait aussi la disparition de la race de ces taureaux », explique Vincent Bouget, qui rappelle, par ailleurs, que les corridas concernent moins de 1 000 taureaux par an. Interrogé sur le sujet, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a pour sa part estimé que ce texte « n’est pas opportun » : « Il y a derrière une filière d’élevage qui entretient un paysage et une biodiversité exceptionnelle. »


 


A ce stade, la proposition de loi du député Aymeric Caron est inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale du 24 novembre, à la faveur de la niche parlementaire du groupe LFI. En quatrième position, son examen dépendra de la longueur des débats des précédents textes.