[ CULTURE - ARLES ] Les ambitions de Dominique Bluzet, le nouveau directeur du théâtre d'Arles

Le directeur du Jeu de Paume et du Grand théâtre à Aix-en-Provence, du Gymnase et des Bernardines à Marseille, est également devenu celui d'Arles le 1er juin. Méthode, ambition, salaire, programmation , tarifs, rapport avec la Ville... Cet incontournable opérateur culturel du sud de la France répond aux polémiques suscitées par son arrivée.

Publié : 10 juin 2024 à 9h55 par Ludovic Tomas /Laprovence.com

[ CULTURE - ARLES ] Les ambitions de Dominique Bluzet, le nouveau directeur du théâtre d'Arles
Crédit : Caroline Doutre

Votre nom circulait depuis plusieurs mois en coulisses. Pourquoi avoir attendu le 1er juin pour démarrer cette collaboration ?

Il y a eu une histoire derrière. Les premières discussions n'ont pas eu lieu avec la Ville mais avec le ministère de la Culture. Quand j'ai rencontré Patrick de Carolis, que je connaissais déjà, je lui ai dit que j'étais à sa disposition non pas pour prendre la direction du théâtre d'Arles, mais pour l'aider dans sa réflexion. Et c'est dans ses propres discussions avec l'État que l'idée est arrivée sur la table. Il a fallu ensuite le temps que tout cela avance -- il y a eu un changement de ministre (Rachida Dati a remplacé Rima Abdul Malak, Ndlr) --, que Patrick de Carolis réfléchisse exactement à ce qu'il voulait, et que je rencontre l'équipe actuelle. Quand j'entends que je dispose d'un bureau au théâtre depuis plusieurs mois, c'est faux, je l'ai eu la semaine dernière.

Une saison ne se prépare pas en si peu de temps. Avez-vous contribué à la programmation 24/25 ?

J'ai apporté quelques touches. Quatre ou cinq spectacles relèvent de moi, le reste a été préparé par l'équipe actuelle.

Qu'est-ce qui va concrètement changer au théâtre d'Arles ?

Pour moi, Arles est un projet en construction. Mon but est d'allonger la durée des représentations à Arles, quitte à faire moins de spectacles, pour aller chercher de nouveaux spectateurs et inscrire le théâtre dans un circuit de diffusion plus important. Un spectacle pourra par exemple être joué trois fois à Arles, cinq fois à Aix et sept fois à Marseille. Et dès la saison prochaine, on va créer une navette à 5 € qui emmènera les Arlésiens voir deux spectacles auxquels ils n'auraient pas accès ici. L'un au Grand théâtre à Aix, l'autre à La Criée à Marseille.

L'opposition vous considère comme un homme du théâtre privé, un business man du spectacle vivant. Comment appréhendez-vous ce nouveau costume de directeur en régie municipale ?

Il n'y a aucun théâtre privé en régions. Cela n'existe qu'à Paris. Mes théâtres n'ont toujours vécu qu'avec l'aide de l'argent public. En revanche, des spectacles de théâtre privé seront joués Arles. Et ça, je le revendique. Je crois fondamentalement que la culture est un droit inaliénable et qu'il faut l'offrir au plus grand nombre. Quant à la régie, c'est la Ville qui l'a choisie. D'une certaine manière, cela ne me concerne pas, cela ne m'impacte pas. Je m'adapte à tout. Mon rôle est de faire que la magie ait lieu.

Le fric, je m'en fous. J'ai une femme banquière qui gagne très bien sa vie.

Sur quelles autres subventions que municipales espérez-vous vous appuyer ?

J'amène 40 000 euros de subventions supplémentaires de la part de l'État au théâtre d'Arles grâce au plan "Mieux produire, mieux diffuser" qui relie Arles et Aix. Et je vais tout faire pour réconcilier la Ville et la Région.

Avez-vous la garantie d'obtenir le conventionnement perdu en 2021 avec la bascule en régie municipale ?

L'engagement de l'État n'est pas sur le théâtre d'Arles mais sur le pont entre Arles et Aix à travers ce label "Mieux produire, mieux diffuser". Pour le reste, je ne suis pas Madame Soleil.

Dans la convention votée au dernier conseil municipal est évoquée la "construction juridique susceptible de fédérer administrativement et financièrement, dans un premier temps Arles et Jeu de Paume". Cela signifie-t-il que la structure commune à Arles et Aix pourrait intégrer le GIE Les Théâtres ?

Il n'est pas question de fusionner le théâtre d'Arles avec mon groupe Les Théâtres. D'abord, juridiquement, ce n'est pas possible puisque le théâtre d'Arles est une régie municipale. Mais si grâce au spectacle vivant, on arrive à faire comprendre aux habitants du département à quel point ils vivent dans un territoire culturellement béni parce qu'ils ont à leur disposition une capitale de la photo à Arles, une capitale de la musique classique à Aix et une capitale de la danse à Marseille, c'est quelque chose d'extraordinaire. Une politique culturelle, c'est prendre à bras-le-corps une problématique territoriale et citoyenne et de dire aux habitants qu'on s'adresse à vous tous et qu'on va, à chacun d'entre eux, apporter une émotion.

Que va devenir l'équipe actuelle du théâtre ?

Elle reste. Ils sont super. Je m'entends très bien avec tous. On s'est beaucoup parlé avec Ophélie Couailhac (qui assure l'essentiel de la programmation depuis le départ de l'ancienne directrice Valérie Deulin, Ndlr). J'essaie de préserver sa place, de respecter ce qu'elle est, le travail qu'elle a fait et de voir comment ça peut s'additionner.

Les tarifs du théâtre d'Arles sont actuellement très accessibles. Vont-ils perdurer ?

Ils ne vont pas changer. En tout cas pour la saison 24/25. Mon intention est que cela reste accessible aux Arlésiens parce qu'Arles n'est pas Aix.

L'opposition municipale s'est dite choquée par votre salaire. Que répondez-vous ?

C'est moi qui suis profondément choqué. Je vais gagner à Arles 1 400 € net par mois. La Ville pensait qu'elle n'aurait jamais les moyens de se payer Dominique Bluzet. Le fric, je m'en fous. J'ai une femme banquière qui gagne très bien sa vie. J'ai demandé combien ils donnaient à Édouard Baer : 40 000 euros. Ça m'allait très bien. On a ajouté dans le calcul une petite enveloppe de frais pour pouvoir amener des artistes au restaurant.

Il n'y a aucun théâtre privé en régions. Cela n'existe qu'à Paris. Mes théâtres n'ont toujours vécu qu'avec l'aide de l'argent public. En revanche, des spectacles de théâtre privé seront joués Arles. Et ça, je le revendique. Je crois fondamentalement que la culture est un droit inaliénable et qu'il faut l'offrir au plus grand nombre. Quant à la régie, c'est la Ville qui l'a choisie. D'une certaine manière, cela ne me concerne pas, cela ne m'impacte pas. Je m'adapte à tout. Mon rôle est de faire que la magie ait lieu.

Le fric, je m'en fous. J'ai une femme banquière qui gagne très bien sa vie.

Sur quelles autres subventions que municipales espérez-vous vous appuyer ?

J'amène 40 000 euros de subventions supplémentaires de la part de l'État au théâtre d'Arles grâce au plan "Mieux produire, mieux diffuser" qui relie Arles et Aix. Et je vais tout faire pour réconcilier la Ville et la Région.

Avez-vous la garantie d'obtenir le conventionnement perdu en 2021 avec la bascule en régie municipale ?

L'engagement de l'État n'est pas sur le théâtre d'Arles mais sur le pont entre Arles et Aix à travers ce label "Mieux produire, mieux diffuser". Pour le reste, je ne suis pas Madame Soleil.

Dans la convention votée au dernier conseil municipal est évoquée la "construction juridique susceptible de fédérer administrativement et financièrement, dans un premier temps Arles et Jeu de Paume". Cela signifie-t-il que la structure commune à Arles et Aix pourrait intégrer le GIE Les Théâtres ?

Il n'est pas question de fusionner le théâtre d'Arles avec mon groupe Les Théâtres. D'abord, juridiquement, ce n'est pas possible puisque le théâtre d'Arles est une régie municipale. Mais si grâce au spectacle vivant, on arrive à faire comprendre aux habitants du département à quel point ils vivent dans un territoire culturellement béni parce qu'ils ont à leur disposition une capitale de la photo à Arles, une capitale de la musique classique à Aix et une capitale de la danse à Marseille, c'est quelque chose d'extraordinaire. Une politique culturelle, c'est prendre à bras-le-corps une problématique territoriale et citoyenne et de dire aux habitants qu'on s'adresse à vous tous et qu'on va, à chacun d'entre eux, apporter une émotion.

Que va devenir l'équipe actuelle du théâtre ?

Elle reste. Ils sont super. Je m'entends très bien avec tous. On s'est beaucoup parlé avec Ophélie Couailhac (qui assure l'essentiel de la programmation depuis le départ de l'ancienne directrice Valérie Deulin, Ndlr). J'essaie de préserver sa place, de respecter ce qu'elle est, le travail qu'elle a fait et de voir comment ça peut s'additionner.

Les tarifs du théâtre d'Arles sont actuellement très accessibles. Vont-ils perdurer ?

Ils ne vont pas changer. En tout cas pour la saison 24/25. Mon intention est que cela reste accessible aux Arlésiens parce qu'Arles n'est pas Aix.

L'opposition municipale s'est dite choquée par votre salaire. Que répondez-vous ?

C'est moi qui suis profondément choqué. Je vais gagner à Arles 1 400 € net par mois. La Ville pensait qu'elle n'aurait jamais les moyens de se payer Dominique Bluzet. Le fric, je m'en fous. J'ai une femme banquière qui gagne très bien sa vie. J'ai demandé combien ils donnaient à Édouard Baer : 40 000 euros. Ça m'allait très bien. On a ajouté dans le calcul une petite enveloppe de frais pour pouvoir amener des artistes au restaurant.

1 400 euros, ce n'est pas mal pour 7 jours de travail par mois...

Sept jours par mois, cela ne veut rien dire, c'est une quantification administrative que la Ville a voulu inscrire dans la convention. Je travaille 7 jours sur 7 et toute l'année. Le rôle d'un directeur de théâtre n'est pas de faire des heures de présence dans un bureau. Au Jeu de Paume, j'y suis deux jours par mois en présentiel. Le rapport au temps est absurde puisque tout mon temps est consacré à ce qui va se passer dans les théâtres dont celui d'Arles. Que je le fasse d'ici ou depuis Aix et Marseille n'a aucune importance.

On vous a aussi reproché votre poste de président de One Provence, l'agence de marketing de la Métropole...

J'ai eu beaucoup de chance en arrivant dans la région. J'ai rencontré un projet culturel qui a bouleversé ma vie. Je me sens investi d'une mission. Mais c'est tout sauf politique.

Cinq théâtres n'est-ce pas trop pour un seul homme, aussi compétent et travailleur soit-il ?

Ça ne s'additionne pas comme ça parceque c'est la même histoire. Le sujet est l'ambition qu'on a pour un territoire. C'est une question de joie et de foi. Le plus long n'est pas de programmer, c'est la maturation. Je dors peu et je ne travaille pas seul. Encore une fois, on est venu me chercher.

Un nouveau tournant pour le théâtre d'Arles

L'histoire récente du théâtre d'Arles n'est pas un long fleuve tranquille. Créée au milieu du XIXe siècle, la salle reste fermée pendant plusieurs années avant de rouvrir en 2001. En 2021, faute de candidats, autre que la direction sortante, répondant au cahier des charges de la Ville, Patrick De Carolis décide d'abandonner le principe d'une délégation de service public pour une régie directe, entraînant la perte de la convention "scène d'intérêt national". La précédente proposition de la comédienne Stéphanie Bataille, directrice de théâtre privé parisien, pour prendre les rennes de l'établissement n'ayant pas convaincu l'équipe actuelle, le maire n'y donnera pas suite. L'arrivée de Dominique Bluzet intervient après une période de transition pendant laquelle l'équipe réduite du théâtre a réussi le tour de force de monter quatre saisons avec un taux de remplissage de 91 %. De ce travail de longue haleine reconnu et apprécié autant par le public que par l'écosystème professionnel, que restera-t-il demain ?

 

SOURCE: LAPROVENCE.COM/ARLES