Réalisatrice de Fragile, son premier long métrage, également scénariste du film Chien de la casse, nommé sept fois aux César cette année, Emma Benestan s'était déjà intéressée à l'univers camarguais à travers deux documentaires. Avec Animale, présenté en avant-première ce vendredi 26 juillet au soir dans le cadre des Rencontres cinématographiques d'Arles, la native de Montpellier met la course camarguaise au centre d'une fiction aux accents de western fantastique.
Vous êtes née à Montpellier, est-ce que la bouvine est un monde dans lequel vous avez baigné ?
Quand j'étais jeune, on faisait toutes les fêtes de village où il y a des lâchers de taureaux, on allait aux ferias, dans les arènes. Je ne vais pas m'approprier une origine camarguaise, mais la fascination pour le taureau fait partie de mon inconscient de jeunesse.
La Camargue se prête-t-elle au film de genre et au genre fantastique plus particulièrement ?
C'est un décor que je trouve mythologique et poétique. Je me suis toujours dit que la Camargue était encore plus magique que le réel qu'elle proposait. Avec ses paysages fascinants, ses chevaux blancs sauvages, ses taureaux en semi-liberté, ses animaux plus nombreux que ses habitants, il y a quelque chose de magique avec le vivant. Pour le film, je me posais la question des effets spéciaux mais en Camargue, il n'y a pas besoin de grand-chose.
Comment a été accueilli le projet par le milieu de la course camarguaise ?
Au début, très honnêtement, pas très bien. Une bonne partie du milieu tiquait sur la présence d'une femme dans l'arène. Comme il n'existe aucun film dans lequel la course camarguaise est importante, je crois qu'ils craignaient qu'une Parisienne vienne faire un film féministe autour de leur tradition. Des gens me disaient qu'une femme dans l'arène, ça n'existe pas. Sauf qu'il y en a eu au moins une et que j'ai fait un documentaire sur elle. Je ne pensais pas que cela bloquerait à ce niveau-là. Mais au fur et à mesure de la préparation du film, on a eu de plus en plus d'alliés. Comme j'avais envie de filmer le milieu de manière juste et sincère, j'ai choisi de faire un casting qu'avec des gens du milieu camarguais. Une partie de l'équipe a découvert le film à Cannes et il les a touchés. J'ai essayé de filmer la tradition de la manière la plus forte que je pouvais. Mais Animale ne plaira pas à tout le monde parce que cela questionne plein de choses.