[ ENVIRONNEMENT ] Thomas Pesquet à la fois inquiet et fasciné par la Camargue

Dans un documentaire, ce soir sur France 2, l'astronaute revient sur ses observations depuis l'espace

Publié : 26 avril 2023 à 10h03 par Sarah UGOLINI Rios

[ ENVIRONNEMENT ] Thomas Pesquet à la fois inquiet et fasciné par la Camargue
Crédit : DR

Thomas Pesquet pose son regard sur la Camargue. "Certaines couleurs vous accrochent l'oeil immédiatement, tant elles tranchent dans le paysage, comme le rose vif des marais salants de Camargue", écrivait-il le 21 août 2021, alors qu'il était à bord de la Station spatiale internationale. Un commentaire posté avec un cliché géométrique hypnotique faisant apparaître un camaïeu de roses des salins de Camargue des plus esthétiques.

Après avoir passé plus d'un an dans l'espace, l'astronaute a décidé de souligner la nécessité impérieuse de préserver notre Terre et sa biodiversité dans un documentaire inédit diffusé ce soir à 21 h 10 sur France 2 et intitulé Thomas Pesquet : Objectif France. Il choisit de faire un zoom sur certains territoires français, en venant constater, sur le terrain, les actions entreprises sur les lieux qu'il a photographiés, et observés depuis l'espace. "Il souhaitait que la Camargue soit un des sites illustratifs de la relation entre l'observation des photos orbitales prises depuis la station ISS et la réalité du terrain", confie Jean Jalbert, directeur de la Tour du Valat, qui intervient dans ce documentaire. Selon lui, en confrontant l'infiniment petit et l'infiniment grand, "Thomas Pesquet porte un regard à la fois émerveillé et inquiet sur la Terre, soulignant la vulnérabilité de la vie qui dépend d'une petite pellicule bleutée qui est l'atmosphère". Des photos esthétiquement magnifiques, mais qui interpellent. "C'est cette prise de conscience de la fragilité de notre planète qui s'illustre ensuite à travers des zooms sur différents territoires français", explique le biologiste.

Hausse du niveau de la mer

Mais pourquoi la Camargue ? Jean Jalbert précise que "la production avait sélectionné un certain nombre de clichés avec Thomas Pesquet et que la problématique de la hausse du niveau marin a été retenue avec deux éclairages en France". L'astronaute a choisi sa Normandie natale avec l'effondrement des falaises de craie et le site des étangs et marais des salins de Camargue.

L'objectif est de réfléchir aux méthodes à adopter face aux changements climatiques. "L'équipe de tournage est venue pour savoir comment on fait pour amortir l'effet des tempêtes, notamment avec la digue à la mer qui est à plusieurs kilomètres à l'intérieur des terres. Entre cette digue et la mer, il y a un espace investi par la mer et le pari qu'on fait, c'est que l'énergie de la mer lors des tempêtes va ramener du sable et créer un cordon sableux qui, en s'accumulant, va constituer des dunes et jouer le rôle de rempart climatique contre les tempêtes de demain", explique le directeur de la Tour du Valat (institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes).

 

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Si Thomas Pesquet ne s'est pas déplacé, la production s'est appuyée sur des "photos prises par l'astronaute sur le littoral sableux de notre région". Pour rappel, selon un rapport du GIEC de 2019, la hausse du niveau de la mer pourrait atteindre plus d'un mètre en Camargue d'ici 2100. "Il sera compliqué, voire impossible, de continuer à vivre comme on le fait aujourd'hui aux mêmes endroits", concède Jean Jalbert. Pour autant, selon le directeur, pas question d'être défaitiste.

"C'est à nous de trouver des solutions techniques ou de génie civil avec des enrochements ou des dispositifs immergés dans la mer qui vont briser l'énergie des vagues avant qu'elles n'arrivent sur la côte", tient-il à rassurer.

Zoom sur 6 500 km² d'anciens salins

Le lieu choisi pour le tournage d'Objectif France est hautement télégénique car il s'agit de 6 500 hectares "d'anciennes lagunes qui ont été transformées en salins pendant un temps et qui aujourd'hui, sous la force des vagues, recréent des connexions à la mer et c'est très esthétique, très beau". Des sites riches en termes de biodiversité qui jouent un rôle majeur dans la sécurisation des habitants.

Jean Jalbert se réjouit que ces problématiques soient diffusées au plus grand nombre via le documentaire de Thomas Pesquet. "Il y a un fort potentiel avec une émission grand public en prime time". Le directeur de la Tour du Valat ajoute que "Thomas Pesquet est quelqu'un de très populaire qui a visiblement un vrai engagement et qui sait faire passer des messages". "On voit qu'il est sincèrement bouleversé par son expérience orbitale en ayant réalisé la vulnérabilité de la Terre", se réjouit Jean Jalbert, qui estime que "ce documentaire est un peu un hymne à la vie sur Terre".

 

Source: laprovence.com