[Coronavirus] : les entreprises du Pays d'Arles lourdement impactées.

Publié : 24 mars 2020 à 8h05 par Patrick MONROE

RADIO CAMARGUE

"On s'oriente vers la plus grande crise économique que l'on a connue depuis le jeudi noir." Ce jour d'octobre 1929, le krach boursier du siècle marquait le début de la "Grande dépression", avec une récession mondiale qui aura duré plusieurs années. Et le président de la Chambre de commerce et d'industrie du Pays d'Arles Stéphane Paglia n'hésite pas à dresser le parallèle avec la situation générée par le Covid-19, qui met l'économie internationale, comme du pays d'Arles, à l'arrêt.

Pour le territoire, c'est l'annulation de la Feria d'Arles qui a donné le coup d'envoi, en plaçant les premières entreprises dans une situation critique. "Pour tenir, il faut de la trésorerie. On a fermé les stations de ski, mais on est en fin de saison, les caisses sont remplies. Mais vous prenez les bords de plage, et tous ceux qui ont une activité touristique d'été... À Arles, on refait sa trésorerie pendant la feria, et au moment où on doit refaire cette trésorerie, tout est à l'arrêt, explique Stéphane Paglia. Cela génère des situations très tendues, avec des vrais risques de fermeture. Et il y a un corollaire sur l'emploi. Tous ceux qui embauchent en avril ne vont pas le faire. Aujourd'hui l'intérim ne fonctionne qu'à 10 % de ses capacités..."

À l'instant T l'heure doit être à la mobilisation, selon le président de la CCI, car la situation touche l'ensemble du monde économique. Sur le territoire, "les hôteliers et l'événementiel ont été les premiers impactés, mais un effet cascade est en train de se créer. Pour l'alimentaire, où on a eu un effet d'aubaine avec un pic de chiffre d'affaires, ça va retomber. L'économie va encore ralentir, moi qui suis sous-traitant dans l'industrie, j'ai dû mettre 20 personnes en chômage partiel parce que les groupes industriels ne font plus rentrer les sous-traitants sur leurs sites, par sécurité pour leur personnel.L'agroalimentaire va être confronté à des problèmes d'approvisionnement sur les produits frais venant habituellement d'Espagne, ils auront aussi moins de chauffeurs pour livrer. Pour le BTP, ce sont les magasins pour s'approvisionner en matériaux qui ferment... C'est une période compliquée, on n'a jamais été confronté à ça, et c'est terrible, parce qu'il y aura de la perte au feu, notamment les toutes petites entreprises qui ont peu de trésorerie."

Pour faire face à cette situation inédite, et à terme explosive, l'État, par la voix d'Emmanuel Macron, a promis des mesures massives pour venir au secours des sociétés menacées. Et pour bien renseigner les entreprises, les aider dans les démarches, et faire le lien avec les services de l'État, la CCI du Pays d'Arles a mis sur pied, dès le 4 mars, une "Cellule d'appui entreprises" qui, au 20 mars, avait déjà été sollicitée par 613 boîtes du Pays d'Arles. "Ce qu'il y a de nouveau, comparé aux Gilets jaunes où seules les petites entreprises nous appelaient, c'est que maintenant des ETI, sociétés de plus de 200 personnes, nous contactent, indique Stéphane Paglia. Elles ont besoin de réponses, alors que les administrations sont débordées."

[source / la provence]

Par Christophe Vial