Déconfinement : "Il y aura assez de masques" pour tout le monde, cette fois ?.

Publié : 29 avril 2020 à 7h52 par Patrick MONROE

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Obligatoire. Après l'avoir considéré "parfaitement inutile" pour les personnes qui ne sont pas contaminées, Edouard Philippe a fortement recommandé puis posé, hier, l'obligation du port du masque dans nombre de situations du quotidien à partir du 11 mai. Dans les écoles, dans les transports, dans les commerces, permettant même à un commerçant d'y subordonner l'entrée dans son magasin.

Un revirement dans la doctrine que le Premier ministre a renvoyé à la responsabilité des experts : "Beaucoup disaient que les risques de mauvais usages étaient supérieurs" aux bénéfices, a-t-il expliqué, ironisant sur "les mêmes parfois" qui disent aujourd'hui le contraire.

Le sujet a provoqué "la colère et l'incompréhension", a admis le Premier ministre, sans aller jusqu'à reconnaître la malice du gouvernement à émettre une doctrine pour mieux cacher l'absence de stock stratégique : un milliard de masques est nécessaire pour faire face à une pandémie et en doter la population quand l'État n'en disposait que d'un peu plus de 110 millions au début de l'épidémie. Et s'est, très vite, heurté à l'impossibilité d'en importer.

Il a donc fallu faire prioriser des publics : "Réserver les masques aux soignants, c'était mécaniquement refuser de les distribuer à d'autres. C'est un choix difficile, c'est un choix contesté. C'est un choix que j'ai estimé nécessaire", a-t-il assumé.

Plus de risque de pénurie ?

Et maintenant ? Le masque demeure un outil de la réussite du déconfinement, en plus du respect des gestes barrières. Il est même la pièce maîtresse de la première partie du triptyque posé par Matignon : "Protéger, tester, isoler". Et cette fois, Edouard Philippe le promet : "Il y aura assez de masques le 11 mai". L'État en importe 100 millions (de chirurgicaux) par semaine et quelque 20 millions de masques grand public lavables seront disponibles à compter du mois de mai, assure le Premier ministre.

Il ne faudra pas compter que sur l'État : les entreprises sont "invitées" à équiper leurs salariés. En Paca, elles pourront notamment s'appuyer sur la plateforme d'achats mis en place par la Région, qui a sécurisé une filière chinoise dans la province de Shanghai pour acheminer jusqu'à 5 millions de masques par semaine au tarif de 0,68 centime l'unité par tranche de 10 000.

Les collectivités locales, en général, sont invitées à constituer leurs propres stocks et pourront bénéficier d'une aide financière de l'État qui prendra en charge 50% du coût. Les pharmacies et la grande distribution pourront également vendre des masques jetables et lavables "dans des conditions qui restent encore à définir". Une plateforme de e-commerce mise en place par La Poste devrait permettre sous peu d'en commander. Un stock de cinq millions de masques lavables sera également réservé au plus précaires.

Encadrement des prix ?

Les masques dits grand public, atout maître d'un déconfinement réussi ? L'État a mis un tigre dans son moteur pour structurer la filière et faire oublier les écueils du début de la crise. 242 entreprises en France - trois dans la région - fabriquent actuellement ce type de protection, qui répond désormais à une norme (Afnor). Il en existe deux catégories : des masques individuels (catégorie 1) à usage des professionnels en contact avec le public. Ils filtrent plus de 90% des particules émises d'une taille supérieure ou égale à 3 microns. Ceux de catégorie 2 ont une capacité de filtration de 70 % et sont destinés à l'usage d'individus ayant des contacts occasionnels avec d'autres personnes. De sources gouvernementales, 41 millions de masques de ce type ont été fabriqués par l'industrie textile française depuis le 30 mars.

Reste à savoir à quel prix ils vont être vendus. De 3 à 5€, selon le ministre de la Santé, Olivier Véran. Un prix qui ne correspond pas toujours aux premiers chiffres constatés. Certaines associations de consommateurs craignent déjà une flambée du prix des masques comme on l'a vu au début de la crise sanitaire pour les gels hydroalcooliques, jusqu'à ce que leur prix soit strictement encadré.

Dans un premier temps, le gouvernement a considéré que l'hétérogénéité des produits - certains masques sont lavables de 5 à 30 fois - ne permettait pas d'en encadrer les prix. Agnès Panier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Économie, a néanmoins demandé en début de semaine à la DGCCRF se pencher sur la question. L'Ordre des pharmaciens réclame, d'ores et déjà, un encadrement. Plus qu'il ne devrait pas en manquer, autant que les masques ne soient pas à des tarifs prohibitifs. D'autant qu'ils ne peuvent être portés que quelques heures et qu'il en faut au moins deux pour une seule journée de travail.

[source / La Provence]