La crise fait resurgir un débat bien français. Plus des trois quart de la population interrogée (76%) soutiennent désormais l'instauration d'un nouvel impôt spécifique pour les plus aisés, selon la dernière édition mensuelle du baromètre* Odoxa sur le moral économique des Français, réalisé pour BFM Business, Challenges et Aviva. Une mesure qui convainc une majorité de Français, qu'ils soient sympathisants de gauche (86%), de LR (60%) ou de LREM (57%).
Pas étonnant pour Gaël Sliman, le président d'Odoxa, qui note que 53% des Français n'aiment pas les riches.
"Ils pensent que, finalement, les riches seraient des gens égoïstes qui ne penseraient qu'à se soustraire de la collectivité nationale en faisant de l'exil fiscal ou de l'optimisation fiscale. Et finalement, aux yeux d'une majorité de nos concitoyens, il est bien légitime de leur faire payer cet impôt supplémentaire", explique-t-il.
D'ailleurs, 63% des personnes sondées estiment que si les riches ont si une mauvaise image, c'est parce qu'ils cherchent à payer moins d'impôt.
Reste à savoir à partir de quel niveau un Français est considéré comme riche. Odoxa explique que globalement, le riche est celui qui gagne, en moyenne, trois fois plus que la personne interrogée. Lorsqu'on leur pose la question, la seuil médian (50% des répondants estiment que c'est plus, 50% que c'est moins) qui délimite le statut de riche est de 6.000 euros de revenu mensuel net. Un niveau relativement stable depuis une quinzaine d'années. Pour le patrimoine immobilier et financier, le seuil médian pour être considéré comme riche est de 500.000 euros, toujours selon les sondés.
"Pure démagogie" pour le gouvernement
Ces derniers mois, plusieurs personnalités, comme le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger ont remis sur la table l'idée d'une taxe spécifique pour les plus aisés, afin de contribuer à amortir la crise. Des économistes comme Thomas Piketty exhortent également depuis longtemps le gouvernement à agir en ce sens.
De la "pure démagogie" rétorquait encore le ministre de l'Economie Bruno Le Maire au mois de mai. Le gouvernement reste fidèle à sa ligne: aucune augmentation d'impôt, afin de ne pas reproduire les erreurs faites à la sortie de la crise de 2008. La hausse de la fiscalité avait alors fait fuir de nombreux investisseurs et plombé la confiance des entreprises.
*Sondage réalisé les 1er et 2 juillet 2020 via internet auprès d'un échantillon de 1.005 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus selon la méthode des quotas (sexe, âge, niveau de diplôme, profession après stratification par région et catégorie d'agglomération).