[ POLLUTION - ARLES ] POLLUTION DE LA RN 113: UN IMPACT REEL POUR LES QUARTIERS D'ARLES.
12 juin 2019 à 6h49 par sarah rios
L'étude d'AtmoSud, avec un capteur placé à la Roquette, le confirme déjà, après deux mois de test.
L'étude a démarré début avril. Il y a un peu plus de deux mois donc, AtmoSud installait ses capteurs à la Roquette, à proximité de la RN 113, avec un objectif : déterminer si la double voie avait un impact sur le niveau de pollution des quartiers qu'elle borde pendant la traversée d'Arles. On ne les attendait pas si tôt, mais l'étude, qui doit durer un an pour fournir un maximum d'éléments et des indications dans la durée, a déjà livré une première tendance. Et elle se révèle plutôt inquiétante pour les riverains des quartiers concernés.
"Après deux mois de mesures, on voit que ce lieu de la Roquette enregistre des niveaux beaucoup plus élevés que ceux observés par notre capteur du boulevard des Lices, en particules PM 10 et en oxydes d'azote (Nox, Ndlr), indique Sébastien Mathiot, référent sur l'ouest du département pour AtmoSud, un organisme indépendant. Le premier vrai bilan ne sera fait qu'après la période estivale, mais après deux mois, ce lieu-là indique clairement une pollution routière plus importante. On observe qu'il y a des pointes le matin et le soir, quand les gens prennent leur
voiture, et en avril-mai, il n'y a plus d'autres facteurs comme les rejets de chauffage qui peuvent faire monter les résultats... Clairement, on voit bien l'impact de la RN 113 sur le quartier, on rajoute des pollutions qui ne sont pas observées sur Arles ville, et ce sur-ajout n'est pas négligeable."
"On rajoute des pollutions qui ne sont pas observées sur Arles ville"
Par exemple, depuis la mise en place des mesures, le seuil des 50 microgrammes par mètres cubes sur 24 heures a déjà été dépassé trois fois pour les PM 10, ces particules en suspension générées par le trafic automobile, alors que les mêmes jours, la situation était tout à fait normale dans le centre-ville. Selon les normes édictées par l'Organisme mondial de la santé (OMS), être au-delà de ce seuil plus de 35 jours par an présente un réel risque sanitaire. "Avec trois dépassements en deux mois, on arrivera pas très loin des 35 jours, prévoit Sébastien Mathiot. On s'attend à recueillir des niveaux élevés pendant la période estivale, avec le temps chaud, la saturation du trafic..." S
i, pour compléter le cocktail, le vent n'est pas là pour disperser les émissions des véhicules, la situation risque de devenir très vite préoccupante, même si, avant de tirer des conclusions sanitaires, il faudra attendre qu'AtmoSud livre les résultats complets de son étude aux organismes compétents.
En tout cas, même s'il ne s'agit que de premières tendances, elles interpellent les principaux intéressés, à savoir les riverains. "Ce n'est pas très réjouissant, commence Alain Othnin-Girard, président du CIQ de la Roquette. Enfin, ce n'est pas une surprise, juste la confirmation de ce qu'on soupçonnait. Les outils utilisés montrent bien qu'il y a une pollution tout à fait particulière. Et tant que le problème du contournement autoroutier n'est pas résolu..." Ce contournement, envisagé depuis les années 90, ne ferait que déplacer une partie de ce problème de pollution, reconnaît Alain Othnin-Girard. "Mais il s'agit de sauver la population d'Arles, assène-t-il. Personne n'était dupe, on le savait à la coordination de CIQ-CIV. Maintenant, il va falloir déterminer ce que l'on fait. L'argument de la santé publique, on va le développer !"
"Tout cela, ça ne nous surprend pas, nous sommes conscients depuis longtemps que la santé des Arlésiens est mise en péril par la croissance exponentielle du transport routier et de la circulation, ajoute Robert Rocchi, président
du CIQ de Pont-de-Crau. Il n'y a pas photo, les études viendront confirmer le danger pour la santé des Arlésiens." Et pour les responsables des CIQ, les médecins feraient bien de se pencher, eux aussi, sur la question. "On se rendrait compte des phénomènes asthmatiques, allergiques... et peut-être de problèmes qu'on ne soupçonnait pas", avance Robert Rocchi, qui déplore "que des études sérieuses n'aient pas été menées auparavant."
Études qui pourraient apporter de l'eau au moulin de ceux qui militent pour la réalisation rapide du contournement autoroutier d'Arles, remis à l'ordre du jour par la ministre des Transports Elisabeth Borne (lire ci-contre).
Le projet confirmé par le Premier ministre
Le projet de contournement d'Arles est bien inscrit dans la loi d'orientation des mobilités (LOM), et Edouard Philippe a confirmé en avril dernier que la priorité des infrastructures nouvelles serait donnée aux déplacements du quotidien, citant ce contournement en exemple. Ce dossier, dans les cartons depuis les années 90, est donc bel et bien relancé. Un nouveau calendrier prévoit une enquête publique qui doit intervenir début 2021 et le début des travaux en 2023. Pour rappel, le projet consiste à construire une section autoroutière d'environ 26 km entre le péage d'Arles et le péage de Saint-Martin. Deux aménagements sont à réaliser pour ce tracé "Sud Vigueirat" : un tronçon autoroutier neuf d'environ 13 km entre le péage d'Arles et Balarin, et une section de la RN113 à réaménager aux normes autoroutières sur une longueur d'environ 13 km entre Balarin et Saint-Martin. Coût du projet : 750 M€.
Ecrire au préfet pour une limite à 50km/h (l'initiative d'Europe-écologie-le Verts)
L'initiative est venue d'Europe écologie-Les Verts, après la journée de mobilisation pour protester contre le projet de contournement d'Arles (et l'extension de la zone logistique de Saint-Martin) à laquelle avaient participé les eurodéputés José Bové et Michèle Rivasi. "L'idée était d'envoyer une carte postale rigolote à monsieur le préfet, pour dire aussi que l'on est solidaires des gens qui subissent les nuisances, la pollution et le bruit", indique Cyril Girard, de Nacicaa, une des associations locales opposées au contournement. Dans ce "courrier", il est notamment demandé au représentant de l'État de limiter la vitesse à 50 km/h sur la traversée d'Arles, et d'envoyer les poids lourds en transit vers Orange, où ils bifurqueraient de l'A7 à l'A9. "On laisse les riverains subir, la situation pourrir, alors qu'il y a bien des choses à faire avant un hypothétique contournement", poursuit Cyril Girard, qui n'est pas non plus surpris par les premiers résultats de l'étude d'AtmoSud. "Mais le discours, c'est toujours le même, on dit que tout sera résolu quand l'autoroute sera faite. Mais en attendant, on ne fait rien, c'est criminel. Je sais que les riverains sont aux antipodes de nos positions, mais j'aimerais qu'ils soient solidaires de notre action."
Mais les riverains n'y croient pas trop, à ces mesures. Et Sébastien Mathiot d'AtmoSud doute aussi de l'effet du 50 km/h. "Un régime moteur linéaire est bien moins émetteur qu'un régime saccadé, où on ralentit avant de réaccélérer", indique-t-il.
Source: laprovence/Arles