[SORTIES - LOISIRS]: Les fêtes votives restent sous surveillance dans le pays d'Arles.

18 mars 2019 à 15h43 par Patrick MONROE

RADIO CAMARGUE

Ils étaient placés sous observation, l'été dernier. Après des débordements constatés lors de différentes fêtes votives, lors de la saison estivale 2017, le sous-préfet d'Arles Michel Chpilevsky et la gendarmerie avaient prévenu les maires du territoire. Il allait falloir faire mieux en 2018, en termes de sécurité et tranquillité publiques. Le bilan a été dressé le mois dernier, lors d'une réunion en sous-préfecture, entre élus et autorités.

Avec un verre à moitié plein, selon le commandant Gaël Sallio, patron de la compagnie de gendarmerie d'Arles. "Il y a eu des améliorations, mais il reste de belles marges de progrès, analyse-t-il. Sur la préparation de ces fêtes, il y a des pratiques inégales, si on a une seule réunion ce n'est pas efficace car il y a plusieurs fêtes dans l'année, sur la sécurisation des fêtes votives, là aussi c'est inégal, certains ont du bon matériel et des bonnes pratiques, pour d'autres il faut encore travailler tout cela... Le message que nous avons porté aux maires avec le sous-préfet, c'est attention, s'il y a un accident, c'est de votre responsabilité." Alors, les gendarmes y sont allés de leurs préconisations, avec, dans un coin de la tête, des événements dramatiques comme le véhicule fou de la feria de Nîmes ou la voiture de fête accidentée à Aigues-Mortes à l'automne. "On ne peut pas considérer que ça n'arrive qu'aux autres", glisse le commandant Sallio, qui a aussi mis sur la table la durée des fêtes votives, et les bagarres qu'elles peuvent engendrer, souvent sur fond d'alcoolisation. "On a, sur des communes, cinq, six, sept jours de fête, parfois sur la même circonscription d'une brigade deux villages font la fête en même temps. Sur la compagnie, en été, on a 59 fêtes cumulées, et on dépasse une centaine d'interventions sur les fêtes votives", indique le militaire.

"Les gendarmes ne peuvent pas être assimilés à une société de gardiennage !" 

Et c'est bien là le principal problème des gendarmes, mobilisés plus que de raison pour calmer les débordements, juguler les rixes, qui peuvent être violentes, alcool aidant. "Cela fait partie de notre travail, mais ces fêtes sont des événements locaux. Moi, mon corps de métier, c'est la lutte contre la délinquance, contre l'insécurité routière, c'est la prévention des actes de terrorisme, rappelle le patron de la compagnie d'Arles. Quand mes forces se consomment sur des interventions pour des bagarres et des rixes liées à la consommation d'alcool, que des gens sont placés en garde à vue pour des faits de violence, c'est du temps qui n'est pas passé à chasser les cambrioleurs, qui sur la période s'en donnent à coeur joie. Pour moi, ce n'est pas totalement satisfaisant. Les gendarmes ne peuvent pas être assimilés à une société de gardiennage !"

D'où le coup de pression aux maires pour les inciter à progresser dans ce domaine-là aussi, avec des avancées, comme à Mouriès, où la première magistrate a imposé une "coupure" sur la consommation d'alcool dès 16h30 le jour de l'aïoli (lire ci-dessous). Il faut dire que dans la commune des Alpilles, la fête votive de 2017 avait été à deux doigts d'être arrêtée par les autorités à cause de multiples dérapages. "Nous ne sommes pas contre les fêtes votives, nous sommes conscients d'être sur un arrondissement à dominante rurale, que ces fêtes sont aussi un enjeu économique pour les villages. Mais nous sommes contre ces débordements, ces bagarres, l'état d'ivresse des mineurs...", égrène le commandant Sallio. Qui, pour l'instant, souhaite faire les choses "avec souplesse, intelligence. Chacun doit être conscient de ses responsabilités, c'est pour la sécurité des populations. Mais je ne peux pas exclure des dispositifs plus sévères, si nous n'avons pas d'autre avancée notable."

[SOURCE / LA PROVENCE]