[ SPORT - FOOTBALL ] LE TORCHON BRULE ENTRE L'AC ARLES ET LA MUNICIPALITE.

Publié : 9 mai 2019 à 8h39 par sarah rios

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La Ville reproche à l'équipe dirigeante sa mauvaise gestion du club

Le mariage aura duré deux ans. Au printemps 2017, Mickaël Del Moral était arrivé au chevet de l'AC Arles, un club en souffrance. Il accusait un déficit de plus de 200 000 € selon l'actuel président de l'ACA. Si la situation s'est rétablie, les efforts du patron du club n'ont visiblement pas convaincu la municipalité. Pour le maire Hervé Schiavetti, les dirigeants n'ont pas respecté leurs engagements à la fois sur le plan sportif et financier. Ce désaccord aboutira au départ de Mickaël Del Moral à la fin de la saison et, éventuellement, à la mise sous tutelle du club comme cela avait été envisagé deux ans plus tôt, lors d'une nouvelle crise de gouvernance traversée par l'ACA.

L'arrivée de Mickaël Del Moral semblait avoir apaisé les relations entre la Ville et l'ACA. Il n'en est rien. Parmi les griefs d'Hervé Schiavetti figure le manque de transparence du club sur sa gestion financière. "Je souhaite avoir un engagement précis des dépenses, a réclamé le maire, principal partenaire du club avec près de 170 000 € de subvention. Cet argent doit servir principalement à l'école de football. On ne peut découvrir une dette de 25 000 € lors de chaque conseil d'administration ! J'exige d'être présent lors du prochain. Il n'est pas question de se désintéresser du club". Une forme d'ingérence, sans doute logique au regard de l'investissement de la Ville, mais dénoncée par le chef de file des Républicains, Cyril Juglaret, lors du dernier conseil municipal. "Je ne comprends pas votre posture alors que les dirigeants actuels ont montré qu'ils étaient sur la bonne voie", avait-il déclaré. Si les dirigeants admettent une dette de 25 000 €, ils assurent que la situation du club est saine.

"Le club va mieux"

"Nous avons les documents comptables qui prouvent que nous sommes à l'équilibre, assure le président. Les dettes sont celles des années précédentes". Mickaël Del Moral pointe du doigt un acharnement de la part de la mairie afin de le pousser vers la sortie. Certains pourront également voir dans ce bras de fer un moyen pour la municipalité de reprendre la main sur le club, même si le maire s'en défend. "Je ne me suis jamais mêlé des recrutements des présidents ou des cadres dirigeants, assure-t-il. Je n'ai pas non plus demandé au président de partir. Mais nous avons toujours été au coeur du dispositif à l'ACA. On ne peut pas accepter de voir des joueurs arriver alors que l'on nous assure que l'on ne recrutera pas ou des dettes apparaître quand on nous dit qu'il n'en existe pas. Il faut travailler dans la sincérité". Une ligne de conduite dont Mickaël Del Moral indique ne jamais avoir dévié, attestant que "tous les joueurs sont au même niveau. Il n'existe plus de salaires fixes. Un joueur de Saint-Rémy nous a rejoints mais n'a pas signé un contrat fédéral". Le président estime avoir été trahi, et évoque des prétextes pour l'écarter de la direction.

"Deux ans plus tôt, ils n'étaient pas beaucoup à lever la main pour prendre la présidence, remarque Mickaël Del Moral. Or, si certains pensaient que l'on se casserait la figure, le club va mieux. On n'a rien à se reprocher". Un audit financier a tout de même été réclamé par la municipalité afin de dresser un état des lieux de la situation de l'ACA. Une nouvelle réunion est également prévue entre les élus et les dirigeants du club. Elle devrait simplement acter la rupture entre les deux parties. 

Trois présidents en quatre ans

Sérénité, calme, apaisement, voilà des termes qui ne font plus partie du vocabulaire de l'AC Arles depuis bien trop longtemps. À croire que le club et la Ville se complaisent dans cette situation de crise permanente. Depuis la disparition de feu AC Arles-Avignon et la relégation brutale de l'équipe première de l'association en DHR (septième niveau national) alors qu'elle évoluait en CFA2, l'ACA cherche son équilibre. En décembre 2015, Jean-Jacques Salager claquait la porte du club avec fracas. Le Gardois reprochait à la Fédération sa gestion du dossier de l'association alors que le club d'Arles-Avignon était en dépôt de bilan. À l'époque déjà, il évoquait une cohabitation "compliquée" avec la Ville. Mais ce n'était pas l'objet principal de son amertume, plutôt tournée vers la FFF. Un ancien joueur et dirigeant lui succédait dans la foulée avec Éric Marre.

Dans un club en proie à des difficultés sportives et extra-sportives, le dirigeant souhaitait s'appuyer sur la formation pour "redonner du foot de haut niveau à Arles". Mais de graves difficultés financières ont eu raison de son ambition. Un an et demi seulement après sa prise de fonction, Éric Marre démissionnait et laissait le club dans l'embarras. Au bout d'un mois de réunions, de discussions et d'assemblées générales, Mickaël Del Moral, un enfant du club, prenait en main les destinées de l'AC Arles. Il estime laisser le club dans de bonnes dispositions. "On est passés de 389 à 498 licenciés, nous avons sept équipes supplémentaires, la section féminine fonctionne, on propose des stages, tous les engagements sont tenus", assure-t-il. En désaccord avec la mairie, il passera tout de même la main en juin. Une nouvelle période d'incertitudes s'ouvre pour l'ACA.

Un équilibre précaire au niveau sportif

L'ACA peine à retrouver des couleurs depuis sa rétrogradation administrative au niveau régional, en R2. En 2015/2016, le club arlésien a manqué l'accession sur le fil, entraîné par Hedi Taboubi. Lors de l'exercice suivant, l'objectif est atteint avec l'entraîneur Grégory Poirier. Une montée en R1, le plus haut niveau régional, dont les Acéistes n'ont profité qu'une année, avant de redescendre en fin de championnat suivant après un retrait de trois points de pénalités en raison de l'indiscipline. Cette saison, le nouvel entraîneur, Aadel Chedli, le quatrième en quatre ans, avait pour objectif d'assurer le maintien pour construire un groupe compétitif. Aujourd'hui, les Arlésiens se retrouvent parfois à huit à l'entraînement et terminent en roue libre le championnat de R2.

En jeunes, l'ACA reste dans l'élite régionale en U19 et U17. Chez les 15 ans en revanche, le club enchaîne les descentes jusqu'au niveau départemental. En préformation, les résultats actuels sont prometteurs pour les générations de U7 à U11. Une politique tournée vers les jeunes a été mise en place par Tayeb Chaïbi, responsable du football animation, avec la formation de plusieurs éducateurs pour faire face à l'augmentation du nombre de licenciés.