[ POLITIQUE - ST MARTIN DE CRAU ] Christophe Laufray n'a plus la main sur la gestion de la Ville

Les élus de l'opposition et les dissidents de la majorité ont rejeté les orientations budgétaires pour l'année 2024 lors d'un conseil municipal qui a rapidement viré au règlement de comptes.

Publié : 18 mars 2024 à 15h15 par Laurent Rugiero /laprovence.com

[ POLITIQUE - ST MARTIN DE CRAU ] Christophe Laufray n'a plus la main sur la gestion de la Ville
Crédit : Valérie Farine

La commune de Saint-Martin-de-Crau est devenue ingérable pour son maire. Hier soir, dans une salle du conseil dans laquelle le public s'est encore massé dans des conditions que l'opposition et les élus dissidents de la majorité ont dénoncé d'une même voix, Christophe Laufray, pourtant adepte forcené de la méthode Coué, a été obligé de se rendre à la raison : neuf mois après son élection, son équipe, divisée en deux camps antagonistes depuis la mi-décembre, est désormais définitivement incapable d'une réconciliation.

Alors que la séance s'achevait sur un constat d'échec après le rejet du rapport d'orientations budgétaires par une large majorité des présents (20 votes contre), ses ex-alliés, par l'intermédiaire de Rémy Jacquot, son 4e adjoint, ont demandé à Christophe Laufray pourquoi il avait refusé d'inscrire le retrait des pouvoirs du maire à l'ordre du jour, comme le groupe "Unis pour Saint-Martin" l'avait souhaité. "Accéder à votre désir entraînerait la paralysie de l'administration municipale, a rétorqué l'édile, dans un dernier sursaut. Si vous voulez y aller, allez-y ! Continuez votre travail de sape, vous allez y arriver !" Une tirade désespérée, résonnant comme un chant du cygne. Un énorme aveu d'impuissance.

Lors du prochain conseil municipal, programmé le 11 avril, si le front commun de plus des deux tiers des élus municipaux qui lui fait face à présent reste cohérent, le premier budget de Christophe Laufray ne sera pas adopté. Et l'État devra reprendre la main pour assurer les affaires courantes. Une hypothèse qui se fait de plus en plus réaliste, ce dernier ayant clairement laissé entendre hier qu'il comptait conserver son mandat. "Nous avons été élus démocratiquement, nous le resterons, et droit dans nos bottes !", a-t-il scandé après qu'un spectateur a bruyamment réclamé sa démission.

Polémique autour de la ligne à très haute tension

À l'origine de ses tourments, les dissidents de la majorité de Christophe Laufray n'auront pourtant pas été les plus farouches contempteurs des orientations budgétaires présentées, laissant le soin à Séverine Dellanegra, à la tête du groupe "Saint-Martin avant tout", d'émettre les plus virulentes critiques. "Je suis très inquiète à la lecture de ce rapport", a-t-elle assené, pointant la prévision d'une épargne nette négative et le montant particulièrement élevé des emprunts projetés, 2 millions d'euros, soit "le cumul des trois années précédentes !"

"Si vous voulez y aller, allez-y ! Continuez votre travail de sape, vous allez y arriver !" Christophe Laufray, maire.

"Vous mentez aux Saint-Martinois, ma gestion financière de la Ville reste rigoureuse, ne vous en déplaise !", a contre-attaqué sans convaincre Christophe Laufray, dont le chemin de croix avait débuté dès le vote (à l'unanimité néanmoins) d'une délibération visant à prendre position contre le projet de ligne électrique aérienne à très haute tension qui doit cheminer au coeur des espaces naturels de la commune. "Pourquoi étiez-vous absent de la réunion à laquelle plusieurs maires ont assisté lundi à Arles ?", a questionné Céline Chiousse. "Y avait-il une obligation de représentation ?", a répondu maladroitement Christophe Laufray, déjà très agacé.

Par la suite, les créations d'un poste de directeur des services techniques et celui d'un directeur général des services, déjà retoquées lors du conseil municipal précédent, ont encore été repoussées à un prochain examen, actant la fin des illusions pour un maire en sursis. Et au côté duquel ses anciens colistiers ne veulent plus apparaître sur ses supports de communication : "Nous exigeons que la photo bandeau dans laquelle nous apparaissons sur la page Facebook de la majorité soit retirée", a réclamé Rémy Jacquot.

 

SOURCE: LAPROVENCE.COM