[ Santé ] La résistance aux antibiotiques pourrait entraîner plus de 39 millions de décès d’ici 2050

17 septembre 2024 à 10h00 par Camille .

La résistance aux antibiotiques pourrait entraîner plus de 39 millions de décès d’ici 2050

Selon une étude de modélisation parue dans "The Lancet", l'antibiorésistance fait craindre une augmentation

 

Bien que le phénomène de résistance aux antibiotiques soit connu, ses conséquences n'avaient jusqu'à présent jamais été quantifiées de manière aussi précise. Pour la première fois, une étude a évalué l'impact de cette résistance sur une période de 25 ans et tenté d'en estimer l'évolution. Selon les résultats publiés le 16 septembre dans la revue médicale The Lancet, et couvrant plus de 200 pays, les chercheurs estiment que 39 millions de personnes pourraient mourir dans le monde à cause de bactéries résistantes aux antibiotiques d'ici 2050. Ce chiffre est équivalent à la population du Canada.

De 1990 à 2021, plus d’un million de décès par an ont été attribués directement à la résistance aux antibiotiques. L'étude a analysé les données de plus de 520 millions de personnes à travers 22 agents pathogènes, 84 combinaisons pathogènes-traitements, et 11 syndromes infectieux dans 204 pays et territoires. Les décès chez les personnes de 70 ans et plus ont augmenté de plus de 80 % sur cette période, en raison du vieillissement de la population et de la vulnérabilité accrue des personnes âgées aux infections.

Face à une utilisation croissante des antibiotiques, les bactéries développent des mécanismes génétiques de défense, posant un problème de santé aussi grave que le VIH ou le paludisme, selon les chercheurs. En France, l'antibiorésistance est déjà responsable de 5 500 décès par an. Les projections indiquent que ce nombre pourrait atteindre 1,91 million par an dans le monde d’ici 2050, soit une augmentation de 67 % par rapport à 2021. À l'horizon 2050, l'antibiorésistance pourrait contribuer à 8,22 millions de décès annuels, une hausse de 74,5 % par rapport à 2021.

Cependant, des scénarios moins pessimistes sont possibles. Une amélioration des traitements des infections et un meilleur accès aux antibiotiques pourraient prévenir jusqu’à 92 millions de décès dans le monde entre 2025 et 2050, en particulier en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, selon l'étude.