[ SOCIETE - FRANCE ] Des tuiles blanches pour rafraîchir votre maison : une technique encore méconnue
A l'heure où mercure ne cesse de grimper, il existe des solutions pour maitriser les conséquences dans nos habitats... mais le saviez-vous ?
Publié : 8 août 2024 à 12h19 par sarah Rios
Face aux étés de plus en plus chauds, une solution peu répandue pourrait bien changer la donne : recouvrir son toit d'un revêtement blanc réfléchissant pour maintenir son intérieur au frais. Cette méthode, déjà utilisée par les grandes surfaces, commence à se faire une place chez les particuliers. Mais qu'en est-il réellement ?
Et si la clé pour lutter contre la chaleur se trouvait au-dessus de nos têtes ? Le principe est simple : un toit couvert de tuiles blanches renvoie les rayons du soleil, empêchant ainsi la chaleur de pénétrer dans la maison.
Très répandue dans les pays méditerranéens, la technique du "cool roofing" (toiture fraîche) fait doucement son chemin en France. Certaines enseignes ont déjà opté pour des toitures blanches afin de réduire la température de leurs locaux. Aujourd'hui, les particuliers commencent à s'y intéresser, attirés par les économies d'énergie et le confort thermique qu'elle procure.
Une expérience réussie
Jean-François Durand, habitant de Marienthal dans le Bas-Rhin, a sauté le pas il y a un an. "J'avais prévu de refaire l'isolation de ma maison, et l'entreprise m'a proposé cette option de tuiles blanches", explique-t-il. "Ils m'ont dit que j'étais parmi les premiers à adopter cette méthode."
Les résultats ne se sont pas fait attendre. "L'été, la température est plus uniforme dans la maison. Avant, les pièces sous le toit étaient insupportables." Il estime que la température intérieure a baissé de 4 à 5 degrés grâce à ce changement.
Jean-François a même fait un test pour comparer ses tuiles blanches avec des tuiles traditionnelles. "Par 30 degrés, une tuile rouge était brûlante au toucher, alors que la blanche restait supportable", raconte-t-il. L'effet réfléchissant, connu sous le nom d'"albédo", n'est pas nouveau. Le GIEC recommandait déjà cette méthode en 2014.
Malgré cela, les tuiles blanches peinent encore à se démocratiser. Jean-François est le seul dans sa commune à avoir opté pour ce revêtement, ce qui n'a pas manqué de susciter la curiosité de ses voisins. "Certains trouvent que ça ressemble à un toit enneigé", s'amuse-t-il.
Un marché freiné par des contraintes
Le développement du "cool roofing" est souvent limité par des règles d'urbanisme. Selon les communes, la liberté de choisir la couleur de son toit varie. En Alsace, où le patrimoine architectural est riche, ces restrictions sont particulièrement présentes.
À Strasbourg, la plus grande ville de la région, le plan local d'urbanisme (PLU) est assez flexible. "En dehors des zones protégées, le choix de la couleur est laissé à l'appréciation du propriétaire", précise l'Eurométropole.
Face aux enjeux climatiques, les architectes utilisent de plus en plus l'effet d'albédo en milieu urbain, mais se concentrent souvent sur les façades plutôt que les toits, car ces dernières sont moins contraintes par la réglementation. "La demande pour des façades blanches est forte", souligne David Schmitt, ingénieur chez Wienerberger, une entreprise alsacienne spécialisée dans le bâtiment. Le "cool roofing" a même été utilisé pour le village des athlètes et des médias lors des Jeux olympiques de Paris, preuve de son efficacité.
Cependant, cette méthode n'est pas sans inconvénients. Les surfaces blanches se salissent rapidement en milieu pollué et nécessitent un entretien régulier. De plus, l'efficacité du procédé dépend de la configuration du bâtiment. "Plus le bâtiment est complexe, plus il sera difficile de limiter l'entrée de chaleur", ajoute David Schmitt.