[ Société ] Polluants éternels : LyondellBasell pointée du doigt pour ses rejets de PFAS à Berre-l’Étang

Une enquête révèle des émissions préoccupantes de substances toxiques. L’entreprise se défend et affirme avoir engagé une transition vers des alternatives plus sûres.

Modifié : 7 avril 2025 à 10h19 par
Camille .

Pollution aux PFAS : LyondellBasell à Berre l'Étang rejette illégalement des polluants éternels

PFAS à Berre-l’Étang : LyondellBasell dans la tourmente environnementale

L’usine de pétrochimie LyondellBasell, située à Berre-l’Étang, se retrouve au cœur d’une vive polémique environnementale. Selon une enquête publiée par Le Monde, le site industriel rejetterait jusqu’à 26 grammes par jour de PFAS, ces « polluants éternels » connus pour leur toxicité et leur extrême persistance dans l’environnement.

Ces émissions préoccupent fortement les riverains et les associations de défense de l’environnement. Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées), largement utilisés dans l’industrie pour leurs propriétés antiadhésives et résistantes à la chaleur, s’accumulent dans les sols, les eaux et les organismes vivants sans se dégrader, posant un véritable enjeu de santé publique.

Des engagements jugés insuffisants

Face à l’indignation croissante, LyondellBasell a annoncé vouloir éliminer progressivement l’usage de ces substances d’ici à 2028. Une échéance jugée trop lointaine par plusieurs ONG, qui réclament des mesures immédiates pour protéger les populations locales.

Mais LyondellBasell n’est pas seul en cause. Toujours selon l’enquête, d’autres industriels de la région, tels que Kem One ou TotalEnergies, dépasseraient également les seuils réglementaires d’émissions de PFAS, accentuant les inquiétudes sanitaires à l’échelle régionale.

La réponse de LyondellBasell

Dans un communiqué, l’entreprise affirme :

« Le Pôle pétrochimique de Berre est engagé à respecter les réglementations en vigueur. Nos priorités sont la santé et la sécurité de nos collaborateurs, des collectivités, ainsi que la protection de l'environnement. »

LyondellBasell précise que son site ne produit pas de PFAS. Toutefois, des mousses d’extinction contenant ces substances — encore autorisées à ce jour — sont utilisées ponctuellement pour lutter contre certains incendies, en raison de leurs performances élevées.

L’entreprise indique avoir transmis aux autorités compétentes les résultats de trois analyses réalisées en 2023 et 2024, dont deux présenteraient des niveaux inférieurs à ceux publiés dans l’enquête.

Bien que l’usage des PFAS reste autorisé jusqu’en 2030, LyondellBasell affirme avoir entamé une transition vers des alternatives dès 2021.

« Le site de Berre a contribué au financement d’un programme de recherche national en collaboration avec les autorités, visant à développer des émulseurs sans PFAS. »

Aujourd’hui, 38 % des émulseurs utilisés sur le site sont déjà sans PFAS (20 % en 2024) et 45 % devraient l’être d’ici fin 2025. L’entreprise vise une substitution totale d’ici 2028, faisant valoir qu’elle figure parmi les sites les plus avancés de France sur ce sujet.

Une réglementation encore trop laxiste ?

L’exposition chronique aux PFAS est associée à divers troubles de santé : perturbations hormonales, cancers, atteintes du système immunitaire, baisse de la fertilité, entre autres. Pourtant, la réglementation en France reste jugée trop permissive par de nombreux experts, et les contrôles insuffisants.

Pour les associations environnementales, la situation impose une réaction rapide des pouvoirs publics : durcir la réglementation, renforcer les contrôles et contraindre les industriels à adopter des procédés plus sûrs.